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CHAPITRE 5 : LE MOYEN-ORIENT, UN FOYER DE CONFLITS DEPUIS LA FIN DE LA PREMIERE GUERRE MONDIALE

16 Juin 2016 , Rédigé par Laurent Boscher Publié dans #CHAPITRES (H)

CHAPITRE 5 : LE MOYEN-ORIENT, UN FOYER DE CONFLITS DEPUIS LA FIN DE LA PREMIERE GUERRE MONDIALECHAPITRE 5 : LE MOYEN-ORIENT, UN FOYER DE CONFLITS DEPUIS LA FIN DE LA PREMIERE GUERRE MONDIALE
Introduction : « Le Moyen-Orient, région la plus instable du monde »

L’Orient, par opposition à l’Occident, qui désigne l’Ouest, c’est-à-dire l’Europe et l’Amérique du Nord, désigne l’Est. D’un point de vue géographique, en fonction du degré d’éloignement de l’Occident, on peut ainsi distinguer le Proche-Orient (Egypte, Israël), le Moyen-Orient (Irak, Iran) et l’Extrême-Orient (Chine, Japon).

En réalité, cette terminologie, après avoir été à la mode, appartient désormais au passé. L’Extrême-Orient est devenu l’Asie de l’Est (Chine, Japon) et l’Asie du Sud (Inde, Bangladesh), tandis que le Proche-Orient, expression française, a fini par être englobé, à partir de 1945, dans le Moyen-Orient, expression anglo-saxonne.

Aujourd’hui, donc, le Moyen-Orient, situé entre l’Afrique du Nord à l’Ouest, l’Afghanistan et le Pakistan à l’Est, désigne 16 pays : la Turquie, l’Egypte, Israël, la Palestine, la Jordanie, le Liban, la Syrie, l’Irak, l’Iran, l’Arabie saoudite, les monarchies du golfe Persique (Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar), ainsi que le Yémen.

Cette région du monde, parfois surnommée l’« arc de crise », est, selon la formule consacrée, un foyer de conflits, au sens où c’est elle qui en ce début de XXIe siècle réunit le plus grand nombre de conflits. Quelles en sont les causes ? Les conséquences ? Et, surtout, pour quelles raisons les conflits régionaux du Moyen-Orient bénéficient-ils d’un écho international ?

C’est peut-être que, depuis 1918, et même avant, au temps de l’Empire ottoman (1517-1918), cette région du monde, carrefour entre la Méditerranée et l’océan Indien, à la jonction de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie, a toujours été placée sous des influences étrangères extérieures : influence européenne depuis la fin de la Première Guerre mondiale jusqu’à la Guerre froide ; et influence américaine depuis le début de la Guerre froide jusqu’à nos jours.

I - UNE REGION SOUS INFLUENCE EUROPEENNE, DEPUIS LA PREMIERE GUERRE MONDIALE JUSQU'A LA GUERRE FROIDE (1918-1947)

Entre 1918 et 1947, c’est-à-dire entre la fin de la Première Guerre mondiale et le début de la Guerre froide, le Moyen-Orient, alors sous influence européenne, est déstabilisé par un double changement : d’une part, le remplacement d’une domination orientale par une domination occidentale ; d’autre part, l’implantation en territoire musulman d’un foyer de peuplement juif.

A - De l’empire ottoman turc à l’empire colonial européen

Jusqu’en 1918, le Moyen-Orient est dominé par deux pays : l’Empire ottoman, ancêtre de la Turquie, et la Perse, autre nom de l’Iran. Après la Première Guerre mondiale, tout change.

L’Empire ottoman, allié de l’Allemagne, et de fait rangé du côté des vaincus, est démantelé. Les territoires arabes que celui-ci possédait jusqu’alors sont confiés, via un mandat de la SDN, à l’Angleterre et à la France, qui en profitent pour donner naissance à plusieurs pays. A l’Angleterre, qui domine déjà depuis le XIXe siècle l’Egypte et les émirats du golfe, sont confiées l’Irak, la Palestine et la Transjordanie, tandis qu’à la France est confiée la Syrie, aussitôt privée d’une petite partie de son territoire, le Liban, afin d’offrir aux chrétiens maronites, petits protégés des Français, un Etat distinct de la majorité musulmane.

Les pays arabes, victimes des accords Sykes-Picot (1916), sont d’autant plus déçus par ce partage territorial du Moyen-Orient que l’Angleterre et la France, pendant la Première Guerre mondiale, leur avaient promis l’indépendance, contrepartie de leur soutien militaire dans la guerre menée contre les Turcs de l’Empire ottoman. Le traité de Sèvres (1920), en effet, entériné par la SDN, place les provinces arabes anciennement ottomanes sous mandat de la France et du Royaume-Uni, respectivement missionnés par la SDN pour les administrer et les conduire vers l’indépendance. Les Arabes, en particulier le chérif irakien de La Mecque Fayçal Hussein, auquel avait été promis par les Britanniques la création d’un grand royaume arabe unifié, se sentent trahis.

L’Empire ottoman, de son côté, privé de ses territoires arabes, désormais réduit à ce que l’on appelait autrefois l’Asie mineure, est remplacé par une République laïque, créée par le nationaliste Mustafa Kemal, dit Atatürk. Celui-ci, favorable au modèle occidental, et opposé à l’influence politique de l’islam, abolit le califat dès 1924, rompant ainsi l’unité de la communauté musulmane, jusqu’alors rassemblée sous l’autorité religieuse du sultan ottoman (1517-1924).

En définitive, seule l’Arabie, qui réunit sur son territoire les deux villes saintes de l’islam, La Mecque et Médine, parvient à échapper à l’influence européenne au Moyen-Orient. Opposée à l’arabisme, favorable à l’islamisme, la dynastie des Saoud, sortie victorieuse de guerres tribales menées contre des familles rivales, s’impose dans la péninsule dès les années 1920 et fonde en 1932, avec l’émir wahhabite Abdelaziz lbn Saoud, l’Arabie saoudite. Cette indépendance, toutefois, est, selon certains, payée au prix fort, puisque, pour garantir sa survie, menacée par ses voisins et les puissances européennes, la dynastie des Saoud ne s’est reconnue d’autre choix que celui de conclure une alliance militaire avec les Etats-Unis, seul moyen pour ceux-ci de contrebalancer l’influence européenne au Moyen-Orient et surtout de disposer d’un accès aux puits de pétrole récemment découverts dans la région (1938).

Quant à la Perse, qui avec l’Empire ottoman dominait le Moyen-Orient jusqu’à la Première Guerre mondiale, elle échappe à l’influence anglaise, à l’œuvre dans le pays depuis 1908 et la découverte des premiers puits de pétrole sur son territoire, à la faveur d’un coup d’Etat mené en 1921 par un officier nommé Reza Kahn. Nouvel homme fort du pays, il parvient en 1925, avec l’aide du Parlement, à évincer l’ancienne dynastie impériale pour en fonder une nouvelle : celle des Pahlavi. Reza Kahn, désormais appelé Reza shah Pahlavi, en profite en 1934 pour changer également le nom de la Perse, dorénavant appelée Iran, avant d’être contraint par les Alliés, pendant la Seconde Guerre mondiale, de céder la couronne impériale à son fils, Mohammad Reza Palavi, plus connu sous le nom de shah d’Iran.

Tout comme l’Arabie saoudite, cependant, l’indépendance iranienne est en grande partie apparente. Comme l’Arabie des Saoud, en effet, l’Iran des Pahlavi a conclu une alliance avec les Etats-Unis, qui deviennent leur meilleur allié dans la région. A la différence de l’Arabie saoudite, toutefois, islamiste et anti-occidentale, quoique alliée aux Etats-Unis, c’est là tout le paradoxe jusqu’à aujourd’hui, l’Iran est un empire à la fois laïque et pro-occidental, dont le modèle est à chercher du côté de la Turquie d’Atatürk, comme le prouvent au cours de ces années dans les deux pays l’interdiction faite aux femmes de porter le voile islamique et l’obligation faite aux hommes de se vêtir « à l’occidentale ».

Depuis la Première Guerre mondiale, directement ou indirectement, l’ensemble du Moyen-Orient est donc placé sous l’influence du monde occidental, européen ou américain. Pour preuve : même l’Irak, devenue indépendante en 1932, et l’Egypte, en 1936, restent, pour plusieurs années encore, sous la tutelle du Royaume-Uni.

B - Du projet sioniste à la création de l’Etat d’Israël

Au XIXe siècle, à l’initiative du journaliste autrichien Theodor Herzl, inquiet de l’antisémitisme qui se répand en Europe de l’Est à la faveur des pogroms pratiqués dans la Russie tsariste, puis en Europe de l’Ouest à l’occasion de l’affaire Dreyfus, un nouveau mouvement nationaliste est créé : le sionisme. Le sionisme, allusion à Sion, l’un des noms bibliques de Jérusalem, forme le projet de donner naissance à un foyer national juif, afin que le peuple juif dispersé depuis l’Antiquité puisse se rassembler derrière les frontières sécurisées d’un Etat qu’il dirigerait lui-même.

Or, selon Herzl, cet Etat juif, à la création duquel il aspire, ne peut voir le jour ailleurs qu’autour de Jérusalem, alors situé en Palestine, sous domination ottomane. De fait, dès le début du XXe siècle, par vagues successives d’immigration, plusieurs milliers de Juifs s’installent en Palestine, achètent des terres, les mettent en valeur, fondent des villes et prennent une part active au développement économique de la région. Ces premières communautés, dont beaucoup sont regroupées dans des kibboutz, forment ce que l’on appelle le Yishouv.

En 1917, le ministre des Affaires étrangères britannique, Lord Balfour, est le premier dirigeant européen à soutenir « l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif ». Du point de vue britannique, d’ailleurs, cette déclaration Balfour n’est pas contradictoire avec les promesses faites aux Arabes, dans la mesure où la Grande-Bretagne n’aurait jamais eu l’intention d’inclure la Palestine dans un futur royaume arabe indépendant.

Toujours est-il que, après 1924 et la limitation de l’immigration aux Etats-Unis, plus encore après 1933 et l’accès des nazis au pouvoir, les implantations juives en Palestine se multiplient : de plus en plus nombreux, en effet, sont les Juifs à se porter acquéreurs de terres cédées par de grands propriétaires arabes absentéistes.

Si, au début, l’Angleterre, devenue puissance mandataire de la Palestine depuis la fin de la Première Guerre mondiale, encourage l’immigration juive, très vite pourtant elle se heurte à l’opposition de plus en plus vive des Arabes palestiniens, notamment à Jérusalem en 1929, où les affrontements provoquent plus de 200 morts, côtés juif et arabe.

Bien plus : en 1936, en raison de la poursuite de la colonisation juive du pays, les Arabes de Palestine se soulèvent contre le Royaume-Uni et constituent un Haut Comité arabe, dirigé par le mufti de Jérusalem, Amin al-Husseini. Celui-ci exige l’arrêt de l’immigration juive et la fin du mandat britannique. La Grande-Bretagne, après avoir mené une répression brutale provoquant la mort de 5.000 Arabes entre 1936 et 1939, finit néanmoins par répondre aux exigences des Palestiniens, sinon totalement, du moins partiellement, en posant le principe de la limitation de l’immigration juive plutôt que celui de son interdiction pure et simple.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, toutefois, le génocide perpétré par les nazis dans le cadre de la Shoah renforce plus que jamais la revendication sioniste d’un Etat refuge pour les Juifs du monde entier. La Grande-Bretagne, pourtant, qui souhaite ménager les Arabes afin de maintenir sa présence sur le canal de Suez, continue de limiter l’entrée en Palestine aux immigrants juifs, y compris aux rescapés des camps d’extermination nazis, attitude de refus à l’origine d’une radicalisation des organisations sionistes, telles l’Irgoun et le groupe Stern, auteurs à Jérusalem de l’attentat contre l’hôtel King David (1946), malgré le refus de la Haganah.

Voilà du reste pourquoi, en 1947, du fait de l’augmentation des violences, les Britanniques décident de remettre le sort de la Palestine entre les mains de l’ONU. Celle-ci, au terme d’un vote de son Assemblée générale, légalise la naissance de l’Etat d’Israël. Plus précisément : I’ONU, par la résolution 181 du 29 novembre 1947, met fin au mandat britannique et établit un plan de partage de la Palestine, qui donne 55 % du territoire aux Juifs et 45 % aux Palestiniens. Quant à Jérusalem, revendiquée par les deux peuples comme capitale de leur nouvel Etat, l’ONU, pour éviter les heurts, lui confère un statut international : ni administrée par les Juifs, ni gérée par les Palestiniens, la « ville trois fois sainte » est placée sous l’autorité directe de l’ONU.

Cette précaution, cependant, ne permet pas de faire l’économie d’un conflit. Le plan de partage de I’ONU, en effet, aussitôt rejeté par les Arabes, favorables à la création d’un Etat palestinien, à l’intérieur duquel les Juifs seraient en minorité, fait basculer le pays dans la guerre civile. Les victimes tombent des deux côtés : côté palestinien, lors du massacre à Deir Yassine en avril 1948 d’une centaine de villageois par des milices juives ; côté juif, par l’assassinat de 70 infirmières et médecins en guise de représailles.

Comment s’étonner alors, face à ce déferlement de violence, que la proclamation officielle de la naissance de l’Etat d’Israël, le 14 mai 1948, par le principal dirigeant du Yishouv, David Ben Gourion, provoque, en retour, dès le lendemain, la première d’une longue série de guerres israélo-arabes ?

II - UNE REGION SOUS INFLUENCE AMERICAINE DEPUIS LE DEBUT DE LA GUERRE FROIDE JUSQU'A NOS JOURS (1947...)

Depuis le début de la Guerre froide jusqu’à nos jours, c’est-à-dire depuis que l’Amérique a supplanté l’Europe dans le rôle de gendarme du monde, les Etats-Unis sont pratiquement les seuls à exercer leur influence au Moyen-Orient : non seulement dans les conflits qui opposent l’Etat d’Israël aux pays arabes ; mais aussi dans les conflits qui mettent aux prises les pays musulmans entre eux.

A - Les conflits entre l’Etat d’Israël et les pays arabes

Depuis 1948, année de la création d’Israël, jusqu’à nos jours, jamais la paix n’a véritablement prévalu entre l’Etat hébreu et ses voisins. Toujours, au contraire, les conflits l’ont emporté : d’abord, dans le cadre des guerres israélo-arabes ; ensuite, dans le contexte des guerres israélo-palestiniennes.

1 - Les guerres israélo-arabes

La première guerre opposant Israël à ses voisins arabes est contemporaine de la naissance de l’Etat hébreu, officiellement proclamée par David Ben Gourion le 14 mai 1948. Dès le lendemain, en effet, l’Egypte, l’Irak, la Syrie et la Jordanie, membres de la Ligue arabe créée en 1945, entament les hostilités. Contre toute attente, cependant, les armées arabes et les combattants palestiniens, mal équipés, mal coordonnés, sont vaincus par l’armée israélienne, connue sous le nom de Tsahal. Cette victoire israélienne, première d’une longue série, provoque, aux termes des conventions d’armistice de 1949, deux conséquences : d’abord, sur le plan territorial, l’agrandissement du territoire contrôlé par les Israéliens, désormais maîtres de 80 % de la Palestine mandataire, l’administration de la bande de Gaza par l’Egypte et l’intégration de la Cisjordanie à la Jordanie ; ensuite, sur le plan humain, l’immigration en Israël de nombreux Juifs chassés des pays arabes en guise de représailles et, à l’inverse, l’exil de 720.000 Palestiniens (soit 80 % d’entre eux) vers des terres arabes frontalières, notamment Gaza, la Cisjordanie et le Liban, réduisant ainsi à néant l’espoir de la création d’un Etat palestinien. Pour les Palestiniens, c’est la nakba (« catastrophe », en arabe).

Sept ans plus tard, en 1956, un nouveau conflit oppose l’Etat d’Israël à l’un de ses voisins arabes, en l’occurrence l’Egypte, lors de ce qu’il est convenu d’appeler le conflit du canal de Suez. Cette fois-ci, pourtant, Israël n’est pas au cœur du conflit. Le différend, en l’espèce, oppose principalement la France et l’Angleterre, d’un côté, à l’Egypte, de l’autre. En cause : la nationalisation de la Compagnie franco-britannique du canal de Suez par le président égyptien Nasser, chef de file du panarabisme et soucieux d’évincer de son pays l’influence étrangère des anciennes puissances coloniales européennes. Conséquence : la France et l’Angleterre, décidées à préserver leurs intérêts économiques au Moyen-Orient, organisent, avec Israël, plusieurs fois menacée par Nasser, une expédition punitive contre l’Egypte. Celle-ci a beau être une réussite sur le plan militaire, du fait de la défaite de Nasser, elle n’en est pas moins un fiasco sur le plan diplomatique : d’abord, parce que les Etats-Unis et l’URSS, seuls maîtres du monde bipolaire de la Guerre froide, condamnent tous deux cette initiative solitaire ; ensuite, parce que les Etats-Unis, craignant une réaction disproportionnée de l’URSS, alliée de l’Egypte, rappellent aux nations européennes, qui semblent l’avoir oublié, qu’elles sont désormais des puissances moyennes dont les stratégies sont subordonnées à celles de Washington.

Neuf ans après la crise du canal de Suez, éclate, en 1967, la guerre des Six-Jours, impliquant, cette fois, Israël d’un côté, l’Egypte, la Syrie et la Jordanie de l’autre. Guerre des Six-Jours, parce que, en six jours, l’armée israélienne, qui reproche à Nasser d’avoir fermé le détroit de Tiran aux navires israéliens, écrase les armées arabes d’Egypte, de Syrie et de Jordanie. Du fait de cette victoire, Israël occupe désormais le désert du Sinaï et la bande de Gaza, repris à l’Egypte, le plateau du Golan, pris à la Syrie, ainsi que la Cisjordanie, dont Jérusalem-Est, reprise à la Jordanie. L’ONU, par sa résolution 242, a beau exiger d’Israël le retrait des territoires occupés et des pays arabes la reconnaissance de l’Etat hébreu, la situation se fige : non seulement à l’échelle régionale entre Israël et ses voisins arabes, mais aussi à l’échelle internationale entre les Etats-Unis et l’URSS, chacun prenant respectivement le parti du premier et des seconds.

C’est précisément pour récupérer les territoires perdus en 1967 que, le 6 octobre 1973, jour de la fête juive du Yom Kippour, les armées égyptienne et syrienne attaquent l’Etat d’Israël. En vain. Tsahal, après avoir été malmené les premiers temps en raison de l’effet de surprise qu’a provoqué l’attaque, parvient finalement à repousser les offensives et à maintenir le statu quo territorial. Sans être une réussite pour les armées arabes, la guerre du Kippour, contrairement aux précédentes, ne constitue pas pour autant une défaite, dans la mesure où pour la première fois depuis 1949 elles ne sont pas sorties vaincues d’un conflit militaire les opposant à Israël. Bien plus : les pays arabes de l’OPEP (OPAEP), hostiles à Israël ainsi qu’à ses alliés occidentaux, décident, en guise de solidarité, de multiplier par quatre le prix du cours du pétrole jusqu’à la libération des territoires occupés, provoquant ainsi le premier choc pétrolier (1973), lui-même à l’origine d’une crise économique mondiale.

En réalité, toutefois, l’unité affichée par les pays arabes est purement apparente : d’abord, parce que, sur les 23 pays arabes que compte le monde, seuls quatre se sont impliqués militairement ; ensuite, parce que, même parmi les quatre pays arabes militairement impliqués dans la défense de la cause palestinienne, les défections se sont multipliées au fil du temps. L’Irak, impliquée dans le premier conflit israélo-arabe, est absente des trois suivants. La Jordanie, impliquée dans les premier et troisième conflits, est absente lors du quatrième ; et pour cause : au mois de septembre 1970, surnommé « Septembre Noir », le roi jordanien Hussein, souhaitant améliorer ses relations avec Israël, chasse de Jordanie les combattants palestiniens, contraints depuis lors de se replier au sud-Liban, et signe en 1994 un accord de paix avec Israël. L’Egypte, enfin, impliquée dans les conflits de 1949 et 1967 avec Nasser et dans celui de 1973 avec son successeur Sadate, décide, après la guerre du Kippour, de renouer le dialogue avec Israël, via l’arbitrage des Etats-Unis. Résultats : Sadate, en échange de la reconnaissance de l’Etat d’Israël, aux termes des accords de paix de Camp David signés en 1978, récupère le désert du Sinaï, mais cette reconnaissance, perçue par beaucoup d’Arabes comme une trahison, provoque l’exclusion de l’Egypte de la Ligue arabe et surtout l’assassinat de Sadate par des islamistes égyptiens en 1981.

En définitive, si, en 1945, au moment de la création de la Ligue arabe, les pays arabes considèrent tous la Palestine comme une terre arabe et la création d’Israël comme une offense au monde arabe dans son ensemble, s’ils font aussi de la non-reconnaissance d’Israël le fondement de leur politique étrangère et même le ciment de leur unité, par-delà les nombreux désaccords politiques et économiques qui les divisent, à partir des années 1970, en revanche, la question palestinienne cesse d’être un facteur d’unité pour devenir un facteur de division entre les pays arabes, de plus en plus soucieux de faire prévaloir leurs propres intérêts sur ceux des Palestiniens. Voilà d’ailleurs pourquoi, depuis ce moment, les guerres israélo-arabes laissent place aux guerres israélo-palestiniennes.

2 - Les guerres israélo-palestiniennes

En 1948, au moment de la naissance de l’Etat d’Israël, les Palestiniens sont politiquement représentés par le Haut Comité arabe palestinien et la Palestine militairement défendue par les pays arabes voisins. A partir de 1964, toutefois, les Palestiniens, conscients des limites de l’implication des pays arabes à défendre leur cause à mesure que les années passent, prennent la décision de fonder leur propre organisation politique, l’OLP. Celle-ci, confinée au domaine politique les premiers temps, se transforme, en 1969, après la débâcle militaire des armées arabes en 1967, lors de la guerre des Six-Jours, en une organisation paramilitaire, désormais dirigée par un nouveau leader, Yasser Arafat, chef de file de la branche armée de l’OLP, le Fatah, composé de fédayins.

La stratégie de l’OLP, désormais, ne consiste plus à négocier avec Israël, dont la Charte de 1968 appelle à la destruction, mais à se battre les armes à la main contre les Israéliens, en pratiquant la guérilla et le terrorisme à partir des lieux d’exil palestiniens : Gaza, le Liban, la Cisjordanie et la Jordanie. Ainsi s’explique, en septembre 1970, la décision du roi Hussein de Jordanie, qui craint un coup d’Etat palestinien, d’expulser les principaux membres de l’OLP de son territoire, obligés dorénavant de trouver refuge au sud-Liban.

Dès lors, les attentats perpétrés par l’OLP, ou l’une de ses composantes internes, tels Septembre Noir ou le FPLP, se multiplient : la prise d’otages de la délégation israélienne lors des Jeux Olympiques de Munich en 1972, le détournement d’un avion provenant de Tel-Aviv sur Entebbe en Ouganda en 1976 ou encore l’attentat de la rue des Rosiers à Paris en 1982 figurent parmi les plus célèbres faits d’armes de l’OLP, décidée à sensibiliser l’opinion internationale au sort des apatrides palestiniens.

Cette stratégie, cependant, se révèle contre-productive. Loin de servir la cause palestinienne, elle la disqualifie : non seulement auprès de l’Etat d’Israël, qui refuse de négocier avec une organisation terroriste telle que l’OLP, traquée par Tsahal jusqu’au sud-Liban à partir de 1978 et même obligée de quitter Beyrouth pour Tunis en 1982 après l’opération Paix en Galilée ; mais également auprès de la communauté internationale, et jusque dans une partie du monde arabe, qui condamne le recours au terrorisme.

Aussi, en 1988, Yasser Arafat, obligé de modérer ses prétentions en raison du déclin de son alliée historique, l’URSS, sur le point de perdre la Guerre froide, déclare solennellement, au nom de l’OLP, close la période du terrorisme et, en 1989, lors d’un séjour à Paris, « caduque » la Charte de l’OLP. Une modération, du reste, qui déplaît fortement à une nouvelle organisation palestinienne, non plus d’inspiration socialiste et laïque comme l’est l’OLP, mais d’inspiration ouvertement islamiste celle-là, le Hamas, né à Gaza en 1987, à la faveur d’une révolte de la jeunesse palestinienne contre l’occupant israélien (première Intifada).

Il n’en reste pas moins que, après la fin de la Guerre froide, et malgré la naissance du Hamas partisan de la destruction de l’Etat d’Israël, l’OLP et l’Etat hébreu parviennent à se mettre d’accord sur une déclaration de principe : celle d’une reconnaissance mutuelle, préalable indispensable à la mise en place d’un véritable processus de paix. Cette reconnaissance mutuelle est officiellement scellée en 1993, à Washington, entre Yasser Arafat, chef de l’OLP, et Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien, auteurs d’une poignée de main historique échangée en présence du président américain Bill Clinton, désormais seul gendarme du monde. Les accords d’Oslo (1993-1995), nom des accords de paix qui concrétisent la déclaration de principe de Washington (1993), prévoient : d’une part, l’évacuation par Israël des territoires occupés depuis 1967 (Gaza, Cisjordanie) ; et, d’autre part, la création, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, d’une Autorité palestinienne, présidée par Arafat.

Depuis cette époque, pourtant, le processus de paix, auquel menaient les accords d’Oslo, a été complètement remis en cause :

- En premier lieu, par le refus des radicaux des deux bords de reconnaître les accords d’Oslo, perçus par la droite israélienne (Likoud) et le Hamas palestinien (islamiste) comme un acte de capitulation devant l’ennemi.

- En second lieu, par la mort des deux prix Nobel de la paix (1994), Yitzhak Rabin (gauche), assassiné par un extrémiste israélien (1995), et Yasser Arafat, emporté par la maladie (2004).

- En troisième lieu, par la victoire électorale des « opposants » à Oslo, en Israël depuis l’accès au pouvoir en 1996 de la droite (Sharon, Netanyahou), dans les territoires palestiniens depuis le déclin de l’OLP (Mahmoud Abbas), maître de la Cisjordanie, et l’ascension du Hamas, à l’origine d’une seconde Intifada (2000), et désormais maître de la bande de Gaza (2006).

- En quatrième et dernier lieu, enfin, par la reprise des attentats perpétrés par le Hamas palestinien d’Ahmed Yassin et le Hezbollah libanais de Hassan Nasrallah à l’intérieur de l’Etat hébreu qui, en réponse, mène à nouveau une politique peu favorable au rapprochement des deux camps (colonies juives et barrière de séparation en Cisjordanie).

Aujourd’hui, donc, l’espoir né des accords d’Oslo est désormais bien loin. Plus personne ne croit en la résolution rapide du plus ancien conflit de la région : non seulement parce que, dans leurs propres camps, Israéliens et Palestiniens sont divisés (Parti travailliste contre Likoud d’un côté, OLP contre Hamas de l’autre) ; mais aussi parce que les questions les plus épineuses, même au temps d’Oslo, n’ont jamais été évoquées, en particulier celles concernant le retour des réfugiés palestiniens, le démantèlement des colonies juives de Cisjordanie et, enfin, le statut de Jérusalem, proclamée capitale « éternelle et indivisible » d’Israël depuis 1980, alors même que l’Autorité palestinienne, à laquelle l’ONU a refusé le statut d’Etat en 2011, revendique elle aussi la « ville sainte » comme capitale de son futur Etat.

B - Les conflits entre pays musulmans

Contrairement à une idée répandue, mais simpliste, le Moyen-Orient n’est pas exclusivement peuplé d’Arabes, de confession musulmane, à tendance islamiste, qui seraient, sur le plan politique, les ennemis de l’Occident et d’Israël, et, sur le plan économique, des pays riches en hydrocarbures. La réalité est plus complexe. Le Moyen-Orient, en effet, loin d’être un espace homogène, est, tout au contraire, un espace hétérogène à l’intérieur duquel les motifs de tension sont légion. Entre pays musulmans, les origines de telles tensions sont diverses et variées. Mais, le plus souvent, celles-ci sont l’expression de rivalités culturelles, religieuses, politiques, économiques, territoriales et géopolitiques.

1 - Les rivalités culturelles

Sur le plan culturel, trois grandes civilisations cohabitent au Moyen-Orient : celle des Arabes, la plus nombreuse (190 millions d’habitants) ; celle des Perses, aussi appelés Iraniens (65 millions d’habitants) ; et celle des Turcs, autrefois maîtres de l’Empire ottoman (60 millions d’habitants). Au cours de l’histoire, Arabes, Perses et Turcs ont successivement imposé leur domination sur la région. Aujourd’hui, encore, des rivalités subsistent entre ces trois pôles, toujours soucieux d’élargir leur influence et de dominer le Moyen-Orient en lieu et place des Occidentaux (cf. la guerre Iran-Irak, entre 1980 et 1988).

Ces trois civilisations ne sont toutefois pas les seules. Deux autres, numériquement moins importantes, existent également : d’une part, celle des Kurdes, 30 millions d’habitants, un peuple sans Etat, réparti entre quatre pays (Turquie, Irak, Iran, Syrie), qui revendique la création d’un Kurdistan indépendant afin d’échapper aux discriminations et persécutions dont ils sont les victimes ; d’autre part, celle des Juifs, 5,5 millions de ressortissants, majoritaires dans leur pays créé en 1948, mais très minoritaires au Moyen-Orient, dont ils ressentent l’hostilité.

2 - Les rivalités religieuses

Sur le plan religieux, trois confessions cohabitent au Moyen-Orient :

- d’abord, l’islam, de loin le plus implanté, quoique très divisé, entre d’un côté les sunnites, majoritaires, et les chiites, minoritaires, sauf en Iran, en Irak et au Liban, ainsi que des sous-branches de l’islam, ni sunnites, ni chiites, notamment les druzes de Syrie et du Liban ainsi que les kharidjites d’Oman ;

- ensuite, les chrétiens, environ 10 millions de fidèles, dispersés entre onze communautés, dont les unes reconnaissent l’autorité de Rome (par exemple, les maronites au Liban) tandis que les autres forment des Eglises autonomes de rite orthodoxe (notamment les coptes en Egypte) ;

- enfin, les Juifs, autrefois dispersés entre l’Occident (Ashkénazes) et l’Orient (Séfarades), et désormais réunis, depuis 1948, dans les frontières de l’Etat d’Israël, où ils vivent aux côtés de 20 % d’Arabes (dont 90 % sont musulmans et 10 % chrétiens).

3 - Les rivalités politiques

Sur le plan politique, les Etats du Moyen-Orient ne se ressemblent pas davantage. Certains sont des Etats laïques, d’inspiration occidentale, à l’intérieur desquels la loi politique domine la loi religieuse. C’est le cas de la Turquie de Mustafa Kemal, dit Atatürk, depuis l’entre-deux-guerres. Mais c’est aussi le cas de plusieurs pays arabes, parmi lesquels l’Egypte, la Palestine, l’Irak ou encore la Syrie à partir des années 1950-1960. Le parti des Jeunes-Turcs en Turquie, l’OLP en Palestine ainsi que le parti Baas en Irak et en Syrie symbolisent cette mouvance à la fois nationaliste, laïque et socialisante.

D’autres Etats du Moyen-Orient, en revanche, sont d’inspiration islamiste. Dans ces pays, où toute influence occidentale est combattue, la loi religieuse (charia) prime la loi politique et le pouvoir suprême est confié à des membres du clergé. C’est le cas de l’Arabie saoudite depuis 1932 et des monarchies du golfe depuis les années 1960-1970. C’est aussi le cas de l’Iran depuis 1979, année du renversement du shah lors de la révolution de l’ayatollah Khomeiny.

Dans les deux cas, cependant, qu’il s’agisse d’Etats laïques ou de théocraties religieuses, ces régimes s’apparentent moins à des démocraties qu’à des dictatures : dictatures militaires en Turquie (Atatürk) et en Egypte (Nasser), dictatures dynastiques en Jordanie (Hachémites) et en Syrie (Alaouites), dictatures religieuses en Arabie saoudite (Saoud) et dans les pétromonarchies (émirs).

Depuis les indépendances, les Etats laïques sont les plus nombreux. Mais, en raison de leur échec sur le plan politique et économique, des mouvements islamistes, parfois inspirés des Frères musulmans égyptiens, et des mouvements démocratiques, souvent soutenus par l’Occident, contestent de plus en plus ouvertement leur légitimité, comme en témoigne l’épisode des printemps arabes apparu à partir de 2010.

En tout cas, jamais, depuis la décolonisation, l’islamisme, longtemps réprimé par les pays musulmans eux-mêmes, n’a semblé si près d’accéder au pouvoir : soit pacifiquement, à l’image de l’AKP d’Erdogan, au pouvoir en Turquie depuis 2003 ; soit par la violence, à l’image du groupe terroriste Daech (ex Al-Qaïda), en Irak et en Syrie.

4 - Les rivalités économiques

Sur le plan économique, l’hétérogénéité entre pays du Moyen-Orient est plus grande que l’homogénéité. Certains Etats, membres de l’OPEP et/ou de l’OPAEP, font des hydrocarbures le ressort de leurs économies nationales : c’est le cas de l’Arabie saoudite, de l’Iran, de l’Irak et des pays du golfe (Koweït, Qatar, Emirats arabes unis, Bahreïn, Oman) ; tandis que d’autres, moins bien lotis en ressources pétrolières et gazières, misent sur un éventail plus large et plus sage des sources de revenus : c’est le cas de l’Egypte, de la Syrie ou encore de la Turquie.

De même, certains pays du Moyen-Orient disposent d’un IDH élevé : c’est le cas de l’Arabie saoudite, des pays du golfe, du Liban, de la Turquie, de l’Iran, de la Jordanie ; alors que d’autres, à l’inverse, appartiennent à la catégorie des pays les plus pauvres : c’est le cas de la Palestine, de l’Egypte, de la Syrie, de l’Irak ou encore du Yémen.

Voilà du reste pourquoi certains grands pays pauvres, tels l’Irak et la Syrie, nourrissent le projet de rattacher à leurs territoires de petits pays riches, tels le Koweït et le Liban, dont ils estiment avoir été injustement dépossédés par les puissances coloniales européennes durant l’entre-deux-guerres. Ni la guerre du Liban (1975-1990), toutefois, ni l’invasion du Koweït (1990), qui a donné lieu à la guerre du Golfe (1991), n’ont respectivement permis d’assouvir les ambitions territoriales de la Syrie et de l’Irak.

5 - Les rivalités territoriales

Sur le plan territorial, les contrastes entre pays du Moyen-Orient sont très marqués : certains grands pays sont fortement peuplés (Egypte, Iran, Turquie) ou moyennement peuplés (Irak, Arabie saoudite, Syrie), tandis que d’autres sont petits et faiblement peuplés (Liban, Palestine, pays du golfe). Aussi, dans un milieu naturel hostile, globalement aride, où l’eau est rare et la pression démographique forte, les tensions liées à l’accès aux ressources ne manquent pas.

L’eau, au même titre que le pétrole, est ainsi devenue un enjeu majeur, en particulier depuis que certains Etats, situés en amont des grands fleuves, ont construit des barrages de retenue, aux dépens des pays situés en aval. Les eaux du Tigre et de l’Euphrate, par exemple, sont l’objet de tensions permanentes entre l’Irak (aval) et la Turquie (amont) qui en contrôle le débit après avoir multiplié les barrages à ses frontières. Le même problème se pose à propos du bassin du Jourdain entre la Syrie et Israël, maître du plateau du Golan depuis sa confiscation à la Syrie lors de la guerre des Six-Jours en 1967.

Les « guerres de territoires », qui ont jusqu’alors marqué l’histoire du Moyen-Orient, pourraient, dans ces conditions, faute de concertation pacifique entre les usagers d’un même bassin fluvial, fort bien être remplacées par des « guerres de l’eau », et « l’or bleu » du XXIe siècle succéder à « l’or noir » pour lequel tant d’hommes se sont battus au cours du XXe siècle.

6 - Les rivalités géopolitiques

Sur le plan géopolitique, enfin, jamais les pays du Moyen-Orient n’ont véritablement ou durablement choisi le même camp ni noué les mêmes alliances.

Pendant la Guerre froide, par exemple, certains pays sont alliés aux Etats-Unis : c’est le cas d’Israël, de la Turquie (intégrée à l’OTAN), de l’Arabie saoudite, des pays du golfe ou encore de l’Iran du shah (Pacte de Bagdad) ; d’autres pays, à l’inverse, sont alliés à l’URSS : l’Egypte de Nasser, l’Irak et la Syrie du parti Baas, ou encore la Palestine de l’OLP.

Naturellement, au cours de ces années, certains changent d’alliance militaire : en 1970, par exemple, avec le roi Hussein, la Jordanie rompt toute relation avec l’OLP et entreprend de normaliser ses relations avec Israël ; en 1978, avec Sadate, successeur de Nasser, l’Egypte quitte le camp de l’URSS pour celui des Etats-Unis ; en 1979, avec l’ayatollah Khomeiny, l’Iran, meilleur allié des Etats-Unis à l’époque du shah, devient son pire ennemi après la révolution islamiste qui le contraint à l’exil.

Depuis la fin de la Guerre froide, les divisions au sein du Moyen-Orient n’ont pas disparu. La théorie du « choc des civilisations », formulée par le politologue américain Samuel Huntington, selon lequel la prochaine guerre opposerait le monde occidental au monde musulman, est démentie par les faits. La guerre du Golfe, par exemple, menée contre l’Irak, après son invasion du Koweït, réunit, au sein d’une même coalition, des pays occidentaux et des pays musulmans. De même, l’intervention militaire entreprise contre Daech depuis 2014, en Irak et en Syrie, rassemble elle aussi des pays occidentaux et des pays musulmans.

En définitive, pas plus que l’Occident n’est un espace homogène, à l’intérieur duquel une parfaite harmonie règnerait : il suffit de citer l’exemple de la guerre en Irak (2003), à laquelle avaient refusé de participer la France et l’Allemagne au côté des Etats-Unis ; le Moyen-Orient n’est un bloc unifié, composé d’alliés indéfectibles. Les rivalités entre voisins sont nombreuses et les haines parfois irréductibles. Le Moyen-Orient, rongé par les divisions intestines et les ambitions antagonistes des Etats qui le composent, est donc un monde complexe, qui ne saurait se laisser enfermer dans des grilles de lecture simplificatrices. Au moins comprend-on désormais mieux pourquoi le Moyen-Orient, foyer de conflits, est la région la plus instable du monde.

VOCABULAIRE

Introduction : « Le Moyen-Orient, région la plus instable du monde »

Moyen-Orient : comprend, outre le Proche-Orient, l’Irak, la Péninsule arabique, l’Iran et l’Afghanistan.

Proche-Orient : pays de l’Est de la Méditerranée : Egypte, Turquie, Syrie, Liban, Israël, Jordanie et Cisjordanie.

I/ Une région sous influence européenne, depuis la Première Guerre mondiale jusqu’à la Guerre froide (1918-1947)

Accords Sykes-Picot : accords secrets signés en mai 1916 entre la France et le Royaume-Uni, qui prévoient le partage du Moyen-Orient après la guerre, au détriment de l’Empire ottoman.

Arabisme : sentiment d’appartenance à la culture arabe définie comme un peuple ayant une langue et une histoire commune, débouchant sur un nationalisme. Ceux qui souhaitent unir les peuples arabes sont dits panarabistes ou nationalistes arabes.

Califat : dignité instituée à la mort du prophète Mahomet pour désigner son successeur (« calife ») à la tête de l’Etat musulman. Elle est détenue par les sultans ottomans depuis le XVIe siècle.

Chérif : nom donné aux descendants du prophète Mahomet, qui forment une sorte de noblesse religieuse.

Islam : religion et civlisation des musulmans, divisée en plusieurs courants dont les principaux sont le sunnisme et le chiisme.

Islamisme : idéologie politique et religieuse affirmant la primauté de l’islam, le rejet de l’Occident, et revendiquant l’application de la loi coranique (charia) dans les Etats.

Mandat : ancienne possession coloniale ottomane, confiée par la SDN à des puissances européennes, chargées de les administrer temporairement et de les conduire à l’indépendance.

Mufti : en islam sunnite, autorité chargée d’interpréter la loi coranique en délivrant des réponses (fatwa) aux questions qui lui sont posées. Le grand mufti de Jérusalem a, en outre, la garde des Lieux saints musulmans de la ville.

SDN : Société des nations. Organisation internationale, créée par le traité de Versailles (1919), après la Première Guerre mondiale, dans le but de préserver la paix en Europe. Etablie à Genève, la SDN est considérée comme l’ancêtre de l’ONU (1945).

Shah : « roi » en persan. Titre porté depuis l’Antiquité par les souverains de la Perse, devenue Iran.

Sionisme : mouvement laïque fondé en 1896 à Vienne par Theodor Herzl, en réaction à l’antisémitisme européen, visant à créer par l’immigration un Etat juif en Palestine.

Wahhabisme : doctrine ultraconservatrice de l’islam sunnite, prêchée par Ibn Abd el-Wahhab au XVIIIe siècle et adoptée par la dynastie des Saoud.

Yishouv : de l’hébreu « implantation ». Nom donné à la communauté juive installée en Palestine avant la création de l’Etat d’Israël (1948).

II/ Une région sous influence américaine depuis le début de la Guerre froide jusqu’à nos jours (1947...)

Al-Qaïda : nébuleuse d’organisations islamistes et terroristes internationales fondée en 1987, responsable notamment des attentats du 11 septembre 2001.

Barrière de séparation : appelée aussi « mur de séparation ». Système de protection mis en place depuis 2002 par Israël à la frontière de la Cisjordanie. C’est une clôture métallique avec une surveillance électronique, et, sur 4 % du tracé, un mur érigé à proximité des agglomérations les plus importantes.

Charia : loi islamique directement inspirée de la tradition coranique, qui réglemente la vie privée autant que la vie publique.

Chiites : musulmans minoritaires, respectueux (comme les sunnites) de la Sunna (« tradition »), mais estimant qu’après la mort d’Hussein, fils d’Ali, en 670, la descendance du prophète a été usurpée. Dans l’attente du Mahdi (le Messie), les chiites considèrent que les membres de leur clergé sont les plus qualifiés pour diriger la communauté.

Colonies juives : implantations juives installées dans les territoires occupés.

Fatah : Mouvement national de libération, fondé en 1959 par Yasser Arafat, prônant la lutte armée et la destruction de « l’entité sioniste » (l’Etat d’Israël). Il prend le contrôle de l’OLP en 1969.

Fédayins : nom donné aux combattants palestiniens dans les années 1960-1970.

Frères musulmans : association religieuse fondée en Egypte en 1928 par Hassan al-Banna. Elle se structure très vite en une organisation politique dont le but affiché est de fonder un Etat islamique.

Hamas : « zèle » en arabe. Mouvement politico-militaire islamiste palestinien, utilisant le terrorisme contre Israël dont il refuse de reconnaître l’existence. Majoritaire aux élections palestiniennes de 2006, il est principalement implanté dans la bande de Gaza.

Hezbollah : « Parti de Dieu ». Parti chiite libanais, fondé en 1982, avec le soutien de l’Iran et de la Syrie, prônant la lutte armée contre Israël.

Intifada : « soulèvement » en arabe ; on parle aussi de « guerre des pierres », en référence aux projectiles envoyés par les Palestiniens sur les soldats israéliens. Révolte des Palestiniens des territoires occupés contre Israël de 1987 à 1991, puis de 2000 à 2004.

Jordanie : la Transjordanie, devenue un royaume indépendant en 1946, prend le nom de Jordanie qui entrera dans l’usage à partir de 1950.

Ligue arabe : organisation, fondée en 1945, comprenant tous les Etats arabes existants, puis ceux qui sont décolonisés.

OLP : Organisation de Libération de la Palestine, créée au Caire en 1964, dirigée par Yasser Arafat de 1969 à sa mort en 2004.

OPAEP : Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole. Créée en 1968, au lendemain de la guerre des Six-Jours, elle a pour but de coordonner la politique pétrolière des pays arabes.

OPEP : Organisation des pays exportateurs de pétrole. Organisation de pays du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Amérique latine, créée en 1960 dans le but de réguler les prix et la production pétrolière face aux grandes compagnies pétrolières occidentales.

OTAN : Organisation du traité de l’Atlantique Nord, créée en 1950. C’est la structure politique et militaire permanente de l’Alliance atlantique, avec un commandement militaire intégré.

Pacte de Bagdad : Traité d’organisation du Moyen-Orient. Alliance militaire signée en 1955, qui réunit l’Irak, l’Iran, la Turquie, le Pakistan et le Royaume-Uni.

Paix en Galilée : nom donné à l’offensive militaire israélienne au Liban de 1982 à 1983, pour en chasser l’OLP.

Panarabisme : volonté d’unifier les peuples arabes dans un seul Etat en dépassant les clivages religieux.

Parti Baas : « renaissance » en arabe, mouvement nationaliste et socialiste arabe, fondé à Damas en 1947 par le chrétien Michel Aflaq, comprenant deux branches, syrienne (toujours au pouvoir) et irakienne (renversée par les Etats-Unis en 2003).

Printemps arabe : expression qui désigne, par référence aux Printemps des peuples de 1848, un ensemble de contestations populaires qui se produisent dans de nombreux pays du monde arabe à partir de décembre 2010.

Résolution 242 : résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, votée en 1967, exigeant le retrait des territoires occupés, mais rappelant aussi le droit pour tous les Etats de la région - y compris Israël - de vivre en sécurité.

Sunnites : musulmans majoritaires, qui se veulent fidèles à la Sunna (« tradition »), recueil des faits et des rites du prophète. Ils sont divisés en plusieurs groupes, selon leur interprétation de la loi islamique (charia).

Territoires occupés : expression employée par l’ONU pour désigner les territoires (Gaza, Cisjordanie, Jérusalem-Est) peuplés de Palestiniens, occupés et administrés par Israël après la guerre de 1967.

Tsahal : terme forgé des trois lettres désignant, en hébreu, les Forces de défense d’Israël (FDI).

Yom Kippour : fête du Grand Pardon, l’un des rites les plus solennels du judaïsme, célébrée chaque année en septembre-octobre.

CHRONOLOGIE

1916 : accords Sykes-Picot par lesquels la France et l’Angleterre conviennent secrètement de se partager le Moyen-Orient après la chute de l’Empire ottoman.

1917 : déclaration Balfour, par laquelle Lord Balfour, ministre britannique des Affaires étrangères, reconnaît le droit des Juifs à fonder un Etat en Palestine.

1920 : traité de Sèvres par lequel la SDN confie, au moyen de mandats, à la France et l’Angleterre, les territoires moyen-orientaux de l’Empire ottoman.

1923 : fondation de la Turquie par Mustafa Kemal, dit Atatürk.

1924 : abolition par la Turquie du califat ottoman.

1925 : fondation en Perse d'une nouvelle dynastie impériale, celle des Pahlavi (shah).

1928 : fondation en Egypte des Frères musulmans, une association islamiste.

1932 : fondation de l’Arabie saoudite par la dynastie des Saoud.

1932 : indépendance de l’Irak.

1934 : la Perse devient officiellement l’Iran (shah d’Iran).

1936 : indépendance de l’Egypte.

1945 : création de la Ligue arabe.

1946 : indépendance reconnue par l’Angleterre au bénéfice de la Transjordanie (devenue Jordanie en 1950).

1946 : indépendance reconnue par la France au bénéfice du Liban et de la Syrie.

1947 : résolution 181, par laquelle l’ONU établit un plan de partage (45%-55%) de la Palestine entre Juifs et Arabes (29 novembre).

1948 : naissance de l’Etat d’Israël (14 mai).

1948-1949 : guerre d’indépendance entre Israël et ses voisins arabes (Israël : 80%, Palestine : 20% ; Gaza pour l’Egypte, Cisjordanie pour la Jordanie).

1955 : pacte de Bagdad conclu entre les Etats-Unis et les pays du Moyen-Orient pour lutter contre l’expansionnisme de l’URSS, pendant la Guerre froide.

1956 : crise du canal de Suez.

1964 : fondation de l’OLP (aux mains du Fatah de Yasser Arafat à partir de 1969).

1967 : guerre des Six-Jours (annexion par Israël : Sinaï, Gaza, Golan, Jérusalem-Est) et adoption de la résolution 242 par l’ONU.

1970 : « Septembre Noir », au cours duquel le roi de Jordanie chasse de son pays les Palestiniens membres de l’OLP, qui trouvent refuge au Liban.

1972 : prise d’otages de la délégation israélienne lors des JO de Munich par le groupe Septembre Noir (11 morts).

1973 : guerre du Kippour et premier choc pétrolier.

1975-1990 : guerre du Liban.

1976 : détournement par des Palestiniens d’un vol Air France en provenance de Tel-Aviv sur l’aéroport d’Entebbe, en Ouganda.

1978 : signature des accords de paix de Camp David entre Israël et l’Egypte (restitution du Sinaï), puis exclusion temporaire de l’Egypte de la Ligue arabe.

1979 : instauration en Iran d’un régime islamiste, après la révolution de l’ayatollah Khomeiny contre le shah d’Iran.

1980 : Jérusalem, proclamée capitale « éternelle et indivisible » de l’Etat d’Israël.

1980-1988 : guerre Iran-Irak.

1981 : assassinat du président égyptien Sadate par un groupe islamiste.

1982 : opération Paix en Galilée, au cours de laquelle l’armée israélienne intervient au sud-Liban pour traquer les responsables de l’OLP.

1982 : fondation au Liban du Hezbollah (Hassan Nasrallah).

1982 : attentat palestinien de la rue des Rosiers à Paris, contre le restaurant Jo Goldenberg (6 morts).

1987 : première Intifada.

1987 : création du Hamas.

1988 : renonciation officielle de l’OLP au terrorisme.

1989 : renonciation à la mise en œuvre de la Charte de l’OLP appelant à la destruction de l’Etat d’Israël.

1990 : invasion du Koweït par l’Irak de Saddam Hussein.

1991 : guerre du Golfe destinée à libérer le Koweït.

1993 : poignée de mains historique, à Washington, en présence de Bill Clinton, entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin, qui se reconnaissent mutuellement.

1993-1995 : accords de paix d’Oslo entre Israël et la Palestine.

1994 : signature d’un accord de paix entre Israël et la Jordanie.

1994 : prix Nobel de la paix décerné à Arafat et Rabin.

1995 : assassinat de Rabin par un extrémiste juif israélien.

2000 : seconde Intifada.

2001 : guerre en Afghanistan, en réponse aux attentats du 11 septembre 2001, contre le régime islamiste des Talibans, alliés d’Al-Qaïda (Ben Laden).

2002 : édification en Cisjordanie de la barrière de séparation israélienne.

2003 : guerre en Irak destinée à destituer Saddam Hussein.

2004 : mort de Yasser Arafat (maladie).

2006 : l’OLP, toujours maître de la Cisjordanie, perd la bande de Gaza, désormais sous le contrôle du Hamas.

2010 : début des « printemps arabes », dont le but est de renverser les dictatures au profit de régimes démocratiques ou islamistes.

2011 : refus de l’ONU de reconnaître à l’Autorité palestinienne le statut d’Etat.

GUERRES

La guerre d’indépendance (1948-1949)

La guerre d’indépendance commence le 15 mai 1948, au terme du mandat britannique sur la Palestine et après 6 mois de guerre civile entre les populations juives et arabes du pays. Elle se termine avec les différents cessez-le-feu israélo-arabes, conclus entre février et juillet 1949. Depuis le 30 novembre 1947 et le vote du plan de partage de la Palestine, les forces paramilitaires juives affrontent les Palestiniens et les volontaires de l’Armée de libération arabe, tandis que les Britanniques qui sont responsables de l’administration du pays l’évacuent. 370.000 Palestiniens ont déjà pris les routes de l’exode. Le 14 mai 1948, à minuit, le mandat britannique sur la Palestine s’achève officiellement. L’Etat d'Israël a été proclamé dans la journée. Les Etats arabes voisins, qui contestent la création d’Israël, décident d’intervenir, et plusieurs armées arabes entrent dans l’ancienne Palestine mandataire. Parmi eux : l’Egypte, le Liban, la Transjordanie, la Syrie et l’Irak. Les forces palestiniennes sont intégrées dans les armées arabes. La « première guerre israélo-arabe » débute. Au cours de cette guerre, 350.000 Palestiniens (sur les 720.000 de l’ensemble de l’exode palestinien) prennent la route de l’exil. Simultanément, la situation des Juifs dans plusieurs pays arabes s’aggrave à la suite d’émeutes ou de politique ouvertement antisémite comme en Irak et l’émigration des Juifs hors des pays arabes s’amorce. Au final, la victoire revient à Israël et la défaite aux pays arabes. Ces pays arabes refusent la naissance d’un Etat palestinien, car ils ne veulent pas partager le territoire avec Israël. L’Etat palestinien, selon eux, ne peut voir le jour qu’à l’issue de la destruction de l’Etat d’Israël. Toujours est-il que, sur le plan territorial, au terme de la guerre d’Indépendance, la bande de Gaza est désormais administrée par l’Egypte, Jérusalem-Ouest par Israël, la Cisjordanie et Jérusalem-Est par la Transjordanie, rebaptisée Jordanie. L’ONU de son côté validera implicitement les nouvelles frontières (80 % pour Israël, 20 % pour la Palestine), cessant toute référence à son plan de partage de 1947 (55 % pour Israël, 45 % pour la Palestine).

La crise du canal de Suez (1956)

La crise du canal de Suez est une guerre qui éclata en 1956 en territoire égyptien. Le conflit opposa l’Egypte et une alliance formée par l’Etat d’Israël, la France et le Royaume-Uni, à la suite de la nationalisation du canal de Suez par l’Egypte. Cette alliance entre deux Etats européens et Israël répondait à des intérêts communs : les nations européennes avaient des intérêts politiques, économiques et commerciaux dans le canal de Suez, et Israël avait besoin de l’ouverture du canal pour assurer son transport maritime (ce dernier justifiait toutefois son intervention militaire contre l’Egypte comme étant une réponse aux attaques de fédayins qu’il subissait de plus en plus régulièrement sur son territoire). Finalement, alors que les Egyptiens étaient battus militairement, les vainqueurs sont obligés de battre en retraite sous la pression des Etats-Unis et de l’URSS. L’URSS gagne en prestige au Moyen-Orient et resserre beaucoup son alliance avec l’Egypte. Le régime égyptien, malgré la défaite militaire, ressort triomphant de cette crise. La crise est principalement retenue pour les leçons qu’elle apporte sur le nouvel équilibre des forces à l’aube de la Guerre froide. Les Etats-Unis et l’URSS sont les principales puissances des deux blocs en opposition, mais quand ils font cause commune, même d’anciennes puissances comme la France et le Royaume-Uni ne peuvent s’y opposer. La preuve est faite que les pays d’Europe ne sont plus les puissances dominantes dans cette région. Les Etats-Unis et l’URSS ont tenu à montrer que l’ère coloniale était finie et qu’aucune politique au Moyen-Orient ne pouvait se faire sans eux. La France et la Grande-Bretagne tirent des conclusions opposées de leur faiblesse par rapport aux Etats-Unis. La Grande-Bretagne s’aligne sur la politique étrangère des Etats-Unis, devenant son plus proche allié en Europe. Au contraire, la France conclut qu’elle doit se donner plus de moyens pour pouvoir si nécessaire contrer les Etats-Unis. D’où la mise au point de la force de dissuasion nucléaire française. De plus, l’alliance entre la France et Israël sort renforcée de cette crise. Cette alliance sera plus tard brisée par la politique arabe de Charles de Gaulle et la guerre des Six-Jours (1967).

La guerre des Six-Jours (1967)

La guerre des Six-Jours est la guerre que mena, du lundi 5 au samedi 10 juin 1967, Israël face à l’Egypte, la Jordanie et la Syrie. Cette guerre fut déclenchée comme une « attaque préventive » d’Israël contre ses voisins arabes, à la suite du blocus du détroit de Tiran aux navires israéliens par l’Egypte le 23 mai 1967. Le soir de la première journée de guerre, la moitié de l’aviation arabe était détruite ; le soir du sixième jour, les armées égyptienne, syrienne et jordanienne étaient défaites. En moins d’une semaine, l’Etat hébreu tripla son emprise territoriale : l’Egypte perdit la bande de Gaza et la péninsule du Sinaï, la Syrie fut amputée du plateau du Golan et la Jordanie de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Plus symbolique encore que la défaite arabe fut la prise de la vieille ville de Jérusalem. Israël considère alors cette ville comme sa capitale, sans la reconnaissance de la plus grande partie de la communauté internationale. Les résultats de cette guerre influencent encore aujourd’hui la géopolitique de la région. En particulier, certains territoires ont été annexés ou sont toujours occupés par Israël, par exemple une partie de la Cisjordanie.

La guerre du Kippour (1973)

La guerre du Kippour opposa, du 6 octobre au 24 octobre 1973, Israël à une coalition menée par l’Egypte et la Syrie. Le jour du jeûne de Yom Kippour, férié en Israël, qui coïncidait avec la période du Ramadan, les Egyptiens et les Syriens attaquèrent par surprise simultanément dans la péninsule du Sinaï et sur le plateau du Golan, territoires respectivement égyptien et syrien occupés par Israël depuis la guerre des Six-Jours. Profitant d’une supériorité numérique écrasante, les armées égyptienne et syrienne avancèrent durant 24 à 48 heures, le temps qu’Israël achemine des renforts. Même si les attaquants bénéficiaient toujours d’une large supériorité numérique, l’armée israélienne put alors les arrêter. En une semaine, Israël retrouva son potentiel militaire et lança des contre-offensives qui lui permirent de pénétrer profondément en Syrie et de traverser le canal de Suez pour progresser au sud et à l’ouest en Egypte lorsque l’ONU demanda un cessez-le-feu pour laisser place aux négociations. La réussite militaire initiale égyptienne aboutit à la normalisation des relations entre Israël et l’Egypte. Celles-ci menèrent aux accords de Camp David en 1978. Contre l’engagement de ne plus attaquer Israël, encore respecté de nos jours, l’Egypte récupéra la péninsule du Sinaï, occupée après la guerre des Six-Jours de 1967. La frontière entre l’Egypte et Israël fut rouverte et les populations des deux pays peuvent maintenant voyager chez leur ancien ennemi. Beaucoup dans la communauté arabe furent scandalisés par ce traité de paix signé par l’Egypte avec Israël. L’Egypte fut exclue de la Ligue arabe. Deux ans plus tard, le 6 octobre 1981, Sadate fut assassiné, alors qu’il assistait à un défilé commémorant le huitième anniversaire du début de la guerre. Ses assassins (islamistes) étaient des éléments de l’armée qui désapprouvaient les négociations qu’il avait menées avec Israël. Pour le monde en général, la principale conséquence de cette guerre fut le choc pétrolier de 1973, quand l’OPEP décida de l’augmentation de 70 % du prix du baril de pétrole.

La guerre du Liban (1975-1990)

La guerre du Liban est une guerre civile (ponctuée d’interventions étrangères) qui s’est déroulée de 1975 à 1990 faisant entre 130.000 et 250.000 victimes civiles. Le Liban, né en 1920, est un pays multiconfessionnel. Parmi les 4 millions d’habitants qui résident en ce pays aujourd’hui : 54 % sont musulmans (27 % de sunnites, 27 % de chiites), 41 % chrétiens (23 % de maronites, 8 % de Grecs orthodoxes, 5 % de melkites, 1 % de catholiques, 1 % de protestants), 5 % druzes (musulmans). Depuis le début des guerres israélo-arabes (1948-1949), le Liban accueille des camps de réfugiés palestiniens, soutenus par les musulmans et la gauche, mais combattus par les maronites et la droite. La guerre civile libanaise oppose ainsi les musulmans et les maronites (massacres de Sabra et Chatila). Les musulmans libanais, favorables à l’OLP, reçoivent le soutien de la Syrie, tandis que les maronites libanais, hostiles à l’OLP, reçoivent celui d’Israël (Opération Paix en Galilée) et de l’Occident. L’ONU envoie elle-même une force d’interposition constituée de casques bleus : la FINUL. C’est pendant cette période que, côté musulman chiite, est fondé le Hezbollah, soutenu par l’Iran et la Syrie. Mais c’est aussi à cette époque que la Syrie, qui considère le Liban comme une partie intégrante de son territoire dont elle aurait été injustement privée par la France en 1920, s’efforce de s’ingérer dans les affaires intérieures du pays, afin de provoquer le moment venu l’annexion de celui qu’elle surnomme la « Petite Syrie ». En vain.

L’Opération Paix en Galilée (1982)

L’Opération Paix en Galilée, ou Invasion du Liban de 1982, est un épisode de la guerre du Liban au cours duquel l’armée israélienne envahit le sud du Liban à partir du 6 juin 1982 officiellement dans le but de faire cesser les attaques palestiniennes de l’OLP lancées depuis le Liban. L’armée israélienne, Tsahal, est soutenue par l’Armée du Liban Sud et les Phalanges libanaises, des milices libanaises majoritairement chrétiennes. Le Premier ministre israélien de l’époque est Menahem Begin et Ariel Sharon, le ministre de la Défense. Au milieu du mois d’août 1982, un accord fut trouvé pour l’évacuation des Palestiniens de Beyrouth. L’évacuation fut réalisée sous l’égide d’une force internationale, qui comprenait notamment la France. Les Palestiniens furent évacués par voie maritime vers Tunis. L’évacuation fut achevée le 31 août. L’assassinat de Bachir Gemayel a lieu le 14 septembre. Bachir Gemayel, Libanais chrétien, venait d’être élu président de la République, était allié à Israël et voulait reconstruire le Liban en faisant la paix avec son voisin. Il a été assassiné, semble-t-il, par un combattant syrien allié à l’OLP, et ce meurtre engendra le massacre de Sabra et Chatila. Le massacre de Sabra et Chatila (massacre de deux camps de réfugiés palestiniens de Beyrouth) a été perpétré du 16 au 18 septembre 1982 lors de la Guerre du Liban (1975-1990). Les deux camps étaient encerclés par l’armée israélienne, qui y envoya les phalangistes afin d’en extraire des combattants palestiniens présumés présents. Il fit, selon les rapports, entre 700 et 3.000 morts parmi des civils palestiniens. A la suite de l’émotion provoquée aussi bien sur le plan international qu’israélien, une commission d’enquête fut chargée par le gouvernement israélien d’enquêter sur le massacre. Elle conclut à la responsabilité directe des Phalangistes et à la responsabilité indirecte de plusieurs dirigeants israéliens, dont le ministre de la Défense, Ariel Sharon, qui en toute connaissance de cause aurait laissé s’accomplir le massacre sans intervenir.

Première Intifada (1987-1993)

La première Intifada, appelée également guerre des pierres, est un soulèvement de la population palestinienne contre Israël qui a débuté le 9 décembre 1987 et qui a pris fin en 1993 lors de la signature des accords dits d’Oslo. C’est au cours de cette première Intifada qu’Ahmed Yassine, imam aveugle et tétraplégique, créa le Hamas, une organisation islamiste, devenue la rivale de l’OLP, jugée trop laïque. Le Hamas appelant ses partisans à la lutte armée et au terrorisme, l’OLP, désormais moins radicale, appela, au contraire, en 1988, ses partisans à suspendre la lutte armée et le terrorisme, afin de favoriser la naissance d’un Etat palestinien.

Seconde Intifada (2000-2005)

La seconde Intifada désigne l’ensemble des événements ayant marqué le soulèvement des Palestiniens à partir de la fin du mois de septembre 2000. Si le déclenchement de ces événements est généralement daté au 28 septembre 2000 (jour de la visite d’Ariel Sharon sur l’Esplanade des Mosquées), il n’existe pas de consensus sur la date de fin de ce soulèvement parmi les spécialistes : certains disent 2003, d’autres 2004 voire 2005, les derniers considèrent même qu’elle se poursuit encore. Une chose est sûre : elle débute par une insurrection populaire palestinienne dans les territoires occupés à laquelle se joint la population arabe israélienne. Elle est immédiatement réprimée par l’armée israélienne. Après 15 jours, on compte plus de 100 morts côté palestinien et 10 côté israélien. Le 30 octobre, la violence grimpe d’un cran quand le Hamas entame une campagne d’attentats-suicides avec une quarantaine d’attaques perpétrées jusqu’à la fin 2011. Les Israéliens ripostent en lançant la construction d’une barrière de séparation en Cisjordanie. Du 18 mai 2004 au 24 mai 2004, l’armée israélienne lance l’Opération Arc-en-ciel qui a pour but de mettre un terme à la guérilla dans la bande de Gaza en affaiblissant les infrastructures des groupes palestiniens armés et en détruisant les tunnels utilisés par les trafiquants d’armes à la frontière égyptienne. Le 28 juin 2006, l’armée israélienne lance l’Opération Pluies d’été. L’opération mobilise des milliers de troupes dans le but de sauver la vie du soldat Gilad Shalit, devenu prisonnier de guerre par un commando palestinien en territoire israélien au 25 juin 2006. Du 27 décembre 2008 au 3 janvier 2009, l’armée israélienne lance l’Opération Plomb durci ou Guerre de Gaza. L’objectif déclaré des Israéliens est de mettre fin aux tirs de roquettes du Hamas sur le territoire israélien et à son réapprovisionnement en armement, en s’en prenant aux militants du Hamas et en détruisant des infrastructures qu’il utilise, en particulier les centaines de tunnels creusés sous la frontière entre la bande de Gaza et le Sinaï égyptien. Depuis lors, les affrontements entre Israël et le Hamas se poursuivent à échéances plus ou moins rapprochées. Le processus de paix est dans l’impasse.

La guerre Iran-Irak (1980-1988)

La guerre Iran-Irak est une guerre qui a opposé l’Iran à l’Irak entre septembre 1980 et août 1988. Elle a fait entre 500.000 et 1.200.000 victimes. La guerre Iran-Irak oppose deux civilisations : arabe et perse ; deux branches de l’islam : sunnisme et chiisme ; deux régimes politiques : laïque et islamiste ; deux hommes : Saddam Hussein, chef militaire arrivé au pouvoir en 1978, et l’ayatollah Khomeiny, chef religieux parvenu à la tête de l’Etat en 1979 ; et surtout deux ambitions : celles de Bagdad et de Téhéran de prendre la direction morale et politique du Moyen-Orient. Aussi, lorsque Khomeiny appelle au renversement de Saddam Hussein en 1979, celui-ci revendique l’annexion de plusieurs territoires iraniens, dont la région du Chatt-el-Arab, où vit une majorité d’Arabes. Lorsque la guerre commence entre les deux voisins, les Etats-Unis, l’URSS, la France et les pays arabes, majoritairement sunnites, tels l’Egypte et l’Arabie saoudite, prennent le parti de l’Irak et de Saddam Hussein. Huit ans plus tard, lorsque la guerre s’achève, le cessez-le-feu ne reconnaît ni vainqueur ni vaincu. Chacun est resté sur ses positions.

La guerre du Golfe (1991)

La guerre du Golfe, soutenue par l’ONU, est un conflit qui opposa en 1991 l’Irak de Saddam Hussein à une coalition de 34 Etats : certains occidentaux (Etats-Unis, France, Angleterre, etc.), d’autres moyen-orientaux (Arabie saoudite, Koweït, pétromonarchies, Egypte, etc.). La victoire prévisible de la coalition (938.000 soldats) entraîna la libération du Koweït dont l’invasion en 1990 par l’armée irakienne (530.000 soldats) avait provoqué le déclenchement du conflit. Cette guerre se place dans une série de conflits ayant touché la région du golfe Persique à partir des années 1980 : la « première guerre du Golfe » désigne généralement la guerre Iran-Irak de 1980-1988 et la « troisième guerre » se référant à la guerre d’Irak menée à partir de 2003 par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et d’autres pays coalisés contre l’Irak. Deux raisons ont motivé l’invasion du Koweït par l’Irak en 1990 : d’une part, le refus des pays occidentaux d’alléger la dette contractée par l’Irak lors de sa guerre contre l’Iran, alors que l’Irak agissait avec le soutien des Occidentaux, heureux de voir l’Irak combattre un régime islamiste ouvertement antioccidental ; d’autre part, en compensation, la mise à exécution d’une menace ancienne d’annexer le Koweït, que l’Irak a toujours considéré comme partie intégrante de son territoire et dont elle aurait été injustement dépossédée par les Occidentaux au moment des indépendances. Au final, outre les 2.000 civils, la guerre du Golfe a provoqué la mort de 292 soldats côté coalition et de 20.000 à 35.000 côté irakien.

La guerre en Irak (2003)

La guerre en Irak, non soutenue par l’ONU, a commencé le 20 mars 2003 avec l’invasion de l’Irak par la coalition menée par les Etats-Unis contre le parti Baas de Saddam Hussein. L’invasion a conduit à la défaite rapide de l’armée irakienne, à la capture et l’exécution de Saddam Hussein et à la mise en place d’un nouveau gouvernement. Cette guerre est à ce jour l’unique mise en œuvre du concept de guerre préventive développé par l’administration Bush (2001-2009) pour parer à la menace des armes de destruction massive dont cette dernière affirmait à tort détenir la preuve. Le président George W. Bush a officiellement déclaré l’achèvement des combats le 1er mai 2003. Toutefois, sitôt la guerre d’Irak achevée, une guerre asymétrique entre les Etats-Unis et des rebelles irakiens ainsi qu’une guerre civile entre Irakiens ont pris le relais. L’Irak, en effet, en dépit de l’existence d’une communauté chrétienne de 1 million de fidèles en 2003 (les Chaldéens), est un pays très majoritairement musulman, à l’intérieur duquel les chiites sont plus nombreux que les sunnites, même si, jusqu’à la guerre en Irak, et le renversement de Saddam Hussein, le pouvoir était exercé par la minorité sunnite aux dépens de la majorité chiite. Si, depuis 2003, ce sont les chiites qui dirigent désormais le pays, les conflits confessionnels se poursuivent aujourd’hui encore. De nos jours, la guerre civile oppose ainsi le pouvoir chiite aux opposants sunnites, qui ont été débordés par des organisations terroristes profitant du chaos général pour s’implanter : Al-Qaïda d’abord, puis à partir de 2006 Daech, issu d’une scission au sein d’Al-Qaïda. Le 18 décembre 2011, les forces américaines achèvent néanmoins leur retrait du pays. La coalition militaire en Irak aura duré 3.207 jours, soit huit ans et neuf mois. Mais les violences continuent : d’abord, entre sunnites et chiites ; ensuite, en raison des combats menés par les Kurdes d’Irak qui veulent profiter des circonstances pour donner naissance à leur propre Etat, le Kurdistan ; enfin, du fait des exactions perpétrées par Daech, dorénavant implanté en Syrie également. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, en août 2014, les Etats-Unis ont fait leur retour en Irak. Face à la progression des djihadistes, les Etats-Unis ont formé en septembre, avec plusieurs pays européens, dont la France, une deuxième coalition qui engage des opérations aériennes pour soutenir l’armée irakienne (chiite) et les Peshmergas (combattants kurdes, de confession musulmane sunnite). Selon les estimations, la guerre en Irak a fait environ un million de morts.

BIOGRAPHIES

Arafat, Yasser (1929-2004)

Dirigeant du Fatah puis de l’OLP, il renonce au terrorisme au profit du processus de paix à la fin des années 1990. Prix Nobel de la paix en 1994, premier président de l’Autorité palestinienne, il se retrouve isolé après la seconde Intifada.

Ben Gourion, David (1886-1973)

Né en Pologne russe, installé en Palestine dès 1906, il est considéré comme l’un des principaux bâtisseurs de l’Etat d’Israël. En 1935, il dirige l’Agence juive qui organise l’installation des Juifs en Palestine et s’oppose à la volonté des Britanniques d’en limiter l’immigration. Il devient chef de la Haganah, puis du Conseil national provisoire qui, le 14 mai 1948, proclame l’Etat d’Israël. Figure dominante de l’Etat hébreu jusqu’en 1963, il décide notamment de sa participation aux opérations de Suez.

Ben Laden, Oussama (1957-2011)

Issu d’une famille fortunée d’Arabie saoudite, il se rallie à l’islamisme lors de l’invasion soviétique en Afghanistan. Il fonde le réseau terroriste Al-Qaïda, responsable des attentats du 11 septembre 2001.

Fayçal Ier (1883-1933)

Membre de la dynastie hachémite associée à Mahomet, il mène, en 1916, la Grande révolte arabe contre les Ottomans avec le soutien des Britanniques. En 1920, il devient roi de Syrie sous le titre de Fayçal Ier. Son rêve panarabe d’une Grande Syrie intégrant la Palestine et la Jordanie se heurte aux intérêts de la France, puissance mandataire. Après la défaite de Maysaloun le 20 juillet 1920, il est chassé de Syrie par les Français et placé par les Britanniques sur le trône d’Irak.

Hussein de Jordanie (1935-1999)

Roi de Jordanie de 1952 à 1999, il perd le contrôle de Jérusalem et de la Cisjordanie à l’issue de la guerre des Six-Jours (1967). En septembre 1970, il expulse par la force les Palestiniens de Jordanie (Septembre Noir). Après avoir soutenu Saddam Hussein en 1990-1991, il signe un traité de paix avec Israël sous l’égide des Etats-Unis.

Hussein, Saddam (1937-2006)

Président de la République d’Irak de 1979 au renversement de sa dictature en 2003, il est condamné à mort pour crimes contre l’humanité et exécuté en 2006.

Ibn Saoud (1880-1953)

Descendant des wahhabites du Nadj - une faction fondamentaliste et puritaine sunnite -, il est le fondateur et premier roi de l’Arabie saoudite moderne, dont il bâtit la puissance sur les pétrodollars tirés des concessions pétrolières accordées aux Américains dans le cadre du consortium de l’Aramco. Son royaume, soutenu par les Etats-Unis, dispose des plus grandes réserves pétrolières de la planète avec notamment le gisement géant d’Al-Ghawar découvert en 1948.

Khomeiny, Ruhollah (1902-1989)

Chef religieux (ayatollah) et homme politique iranien, il inspire la révolution islamique de 1979, instaure la République islamique d’Iran, puis la dirige politiquement et spirituellement jusqu’à sa mort.

Mustafa Kemal, dit Atatürk (1881-1938)

Militaire de carrière, il refuse le traité de Sèvres et renverse le sultan après la Première Guerre mondiale. Il fonde une république influencée par le modèle occidental (laïcité, droit de vote des femmes, alphabet latin). Il refuse de reconnaître des droits aux minorités.

Nasrallah, Hassan (1960...)

Homme politique libanais, musulman chiite, secrétaire général du mouvement Hezbollah depuis 1992.

Nasser, Gamal Abdel (1918-1970)

Officier nationaliste égyptien, il prend le pouvoir après un coup d’Etat contre la monarchie. Leader arabiste et non-aligné, il se rapproche de l’URSS. Son prestige est immense après la nationalisation du canal de Suez en 1956.

Rabin, Yitzhak (1922-1995)

Général d’armée israélienne, membre du Parti travailliste (gauche), il est Premier ministre à deux reprises (1974-1977 et 1992-1995). Signataire des accords de paix d’Oslo, il reçoit le prix Nobel de la paix en 1994. Il est assassiné par un extrémiste religieux israélien en 1995.

Sadate, Anouar el- (1918-1981)

Successeur de Nasser à la présidence de la République égyptienne en 1970, il se rapproche des Etats-Unis et effectue en 1977 une visite spectaculaire à Jérusalem, prélude à des négociations directes avec l’Etat hébreu. Signataire des accords de Camp David (paix entre l’Egypte et Israël), prix Nobel de la paix, il est assassiné en 1981.

Sharon, Ariel (1928-2014)

Général israélien, il participe à toutes les guerres israélo-arabes de 1948 à 1973. Ministre de la Défense en 1982, il organise l’invasion du Liban. Il devient Premier ministre après le déclanchement de la seconde Intifada.

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