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COMPOSITION 1 - L’HISTORIEN ET LES MEMOIRES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE EN FRANCE

28 Août 2016 , Rédigé par Laurent Boscher Publié dans #TERMINALE - S

COMPOSITION 1 - L’HISTORIEN ET LES MEMOIRES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE EN FRANCECOMPOSITION 1 - L’HISTORIEN ET LES MEMOIRES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE EN FRANCE
INTRODUCTION

Présentation. L’histoire n’est pas la mémoire et la mémoire n’est pas l’histoire. Il s’agit de deux notions distinctes qu’il ne faut pas confondre, même si parfois elles peuvent se recouper. Alors que la mémoire désigne le récit (écrit, oral ou filmé) de souvenirs évoqués par des témoins directs des événements, appelés mémorialistes, l’histoire, écrite par des historiens professionnels qui ont rarement vécu les événements qu’ils relatent, désigne une science dont l’objet est de faire du passé un récit à la fois contextualisé, objectif et impartial. Tandis que les premiers, auteurs de récits autobiographiques, racontent leur histoire (avec un « h » minuscule), les seconds, auteurs de livres scientifiques, racontent l’histoire (avec un « H » majuscule). Les deux concepts, toutefois, ne sont pas forcément antinomiques ; ils sont même dans la plupart des cas complémentaires. Sans la mémoire, en effet, l’histoire ne pourrait pas s’écrire. Car, chronologiquement, l’écriture des mémoires (au pluriel, car elles sont multiples) précède l’écriture de l’histoire, qui constitue comme la seconde étape du récit du passé.

Problématique. Histoire et mémoire, justement, sont-elles venues parfois se télescoper à propos de la Seconde Guerre mondiale ? Dans ce cas, l’histoire a-t-elle permis de corriger, sur certains sujets, les approximations de la mémoire ?

Plan. La réponse est « oui ». A propos de la Résistance, de Vichy et du Génocide, les historiens sont venus compléter, rectifier voire démentir les allégations proférées par les différentes mémoires de la Seconde Guerre mondiale.

DEVELOPPEMENTS

[I] Le souvenir de la Résistance, d’abord raconté par ceux qui y ont participé, a ensuite été « revisité » par les historiens. Tandis que, entre 1945 et 1969, les premiers s’attachent à décrire la France des années de guerre sous les traits d’un « pays de résistants », les seconds, à compter des années 1970, donnent de notre patrie une image moins flatteuse, celle d’un « pays de collabos ».

[A] Entre 1945 et 1969, à en croire le récit qu’en font les mémorialistes, la France, pendant la guerre, fut un pays de « résistants ». En 1945, en effet, au moment où le monde baigne dans l’allégresse d’une guerre qui s’achève, la France, désireuse de ne pas bouder le plaisir que lui offre sa propre libération, se dote d’une mémoire officielle, destinée à panser ses cicatrices plutôt qu’à raviver la douleur de ses plaies. Selon cette théorie, soutenue par les deux principaux mouvements de Résistance, gaullistes aussi bien que communistes, qui sont devenus les deux grandes forces politiques de l’après-guerre, l’immense majorité des Français, indisposés par l’occupation nazie, est entrée spontanément en résistance de manière héroïque. Le mythe « résistencialiste » est né. Pour les gaullistes, soucieux d’éviter le déclenchement d’une guerre civile, la priorité, après quatre années d’Occupation, est de favoriser l’union nationale autour d’un passé qui rassemble plus qu’il ne divise. Dans ce but, le gouvernement de Vichy, l’Etat français, le maréchal Pétain sont présentés, par le général de Gaulle, comme une « parenthèse » dans l’histoire de France, une « absurde anomalie » subie et finalement rejetée par l’immense majorité de la population, légitimement fière de sa réaction. Pour les communistes, soucieux de faire oublier le pacte germano-soviétique conclu entre Hitler et Staline en 1939, la priorité est de rappeler la part décisive qu’ils ont prise en France dans la résistance au nazisme depuis 1941, tout en distinguant deux France, l’une honteuse constituée par une petite élite bourgeoise entrée en collaboration, l’autre glorieuse formée par une immense majorité d’ouvriers entrés en résistance. A partir de 1947, toutefois, du fait de la naissance de la Guerre froide, le consensus entre gaullistes et communistes vole en éclats. Il s’agit désormais de faire triompher aux dépens de l’autre sa propre version de l’histoire de la Résistance. Les gaullistes, tout en dénonçant exagérément les 100.000 exécutions sommaires survenues lors de l’épuration sauvage du fait des communistes ainsi que la (pseudo-)tentative de coup d’Etat bolchevique ourdie au même moment, insistent sur le rôle des grands hommes de la Résistance, au premier rang desquels figurent naturellement de Gaulle, l’homme du 18 juin 1940, mais aussi son homme de confiance, Jean Moulin, dont les cendres, le 19 décembre 1964, vingt ans après la Libération, sont transférées au Panthéon, en guise d’ultime hommage rendu au martyr de la nation par le général devenu entre-temps président de la République (1958-1969). Les communistes, eux, sans renoncer à rendre hommage aux grands noms de la Résistance, parmi lesquels Danielle Casanova, Pierre Brossolette et le colonel Fabien, insistent davantage sur le rôle prépondérant du peuple, de la classe ouvrière, des petits, des sans-grade, bref des anonymes. C’est à cette même époque que le Parti communiste français se forge l’image du parti martyr, inventant alors le mythe des « 75.000 fusillés » communistes, quand bien même le nombre total de civils français exécutés par les Allemands ne dépasse pas 31.000 tandis que celui des résistants de l’intérieur tombés au combat est estimé à 20.000. Ces chiffres revus à la baisse tiennent au fait que les historiens commencent à prendre leurs distances avec les mémoires gaulliste et communiste.

[B] A partir des années 1970, les historiens, mieux informés sur ce que fut vraiment le comportement des Français pendant la guerre, commencent à décrire la France sous les traits d’un pays de « collabos ». Grâce aux progrès de la science historique, on apprend ainsi que, entre 1940 et 1944, les Français, dans leur immense majorité, n’ont été ni héroïques ni résistants. Ils ont été ce que sont les hommes au cours des périodes troublées : apeurés, indifférents ou lâches, lorsqu’ils sont étrangers à toute conviction politique ; fidèlement ou fanatiquement dévoués, lorsqu’ils sont animés de convictions idéologiques profondément ancrées. En France, donc, les résistants, une poignée de gaullistes en 1940, sensiblement élargie en 1941 par la venue des communistes du fait du changement d’alliance de l’URSS, voient leur troupe grossir seulement à compter du moment opportun où la victoire des Alliés semble se dessiner d’une manière définitive, tandis que, à l’inverse, les collaborateurs voient le soutien des Français mollir à mesure que la défaite approche. Jusqu’à la fin des années 1960, néanmoins, le résistancialisme demeure la doctrine nationale. Gaullistes et communistes ont beau se livrer la « guerre des mémoires », l’idée selon laquelle la France et les Français n’ont pas à rougir de leur passé continue de l’emporter.

[Transition] A partir du début des années 1970, en revanche, la mémoire nationale est revisitée. La légende rose laisse place à la légende noire et la France des « héros » à la France des « collabos ». Après la Résistance, c’est le regard porté sur Vichy qui évolue.

[II] Vichy, après la Résistance, est le second pan de la mémoire nationale auquel les historiens se sont intéressés. C’est que, dès les années 1950, Vichy et ses thuriféraires étaient l’objet d’une quasi-réhabilitation justifiée par l’idée que Pétain, par sa politique de collaboration avec les nazis, avait épargné à la France et aux Français bien des malheurs. Cette présentation flatteuse du régime de Vichy, défendue par certains mémorialistes tout au long des années 1950 et 1960, est remise en cause par les travaux des historiens à compter des années 1970.

[A] Au cours des années 1950 et 1960, la France, dont le passé est alors écrit par les mémorialistes, apparaît de plus en plus conciliante avec Vichy. La France, en effet, si sévère avec les collaborateurs lors de l’immédiat après-guerre, se montre progressivement plus compréhensive envers eux, au motif que tous les résistants ne furent pas des humanistes ni tous les pétainistes des criminels, et au motif aussi qu’à défaut d’accorder légion d’honneur et pardon aux « vaincus » la période trouble que fut celle des années noires invitait au minimum à la retenue et à l’indulgence. Ainsi, en 1951, la loi du 5 janvier accorde l’amnistie à ceux qui ont été condamnés à l’indignité nationale ou à une peine d’emprisonnement inférieure à quinze ans. En 1952, Antoine Pinay, chef du Centre national des indépendants (CNI), accède à la présidence du Conseil, malgré sa participation au régime de Vichy. En 1953, lors du procès de 21 membres de la division SS Das Reich, jugés en France pour le massacre d’Oradour-sur-Glane, 13 Malgré-nous alsaciens, condamnés, sont finalement amnistiés rapidement. En 1954, Robert Aron, dans un livre qui fera longtemps autorité, Histoire de Vichy, développe une thèse aux termes de laquelle de Gaulle aurait été « l’épée » de la France, alors que Pétain en aurait été « le bouclier ». Au début des années 1970, cependant, cette mémoire bienveillante à l’égard de Vichy est remise en cause. Pétain n’est pas le gentil vieillard que l’historiographie vichyste se complaît à dépeindre et les Français ne sont pas non plus les bons bougres que l’on croit.

[B] A partir des années 1970, les historiens, grâce à des travaux scientifiques novateurs, posent sur Vichy un regard moins bienveillant. Le cinéma joue un rôle important dans ce tournant. Après les films qui contribuaient à entretenir l’image d’une France héroïque, comme La Bataille du Rail de René Clément (1945) ou L’Armée des ombres de Jean-Pierre Melville (1969), le documentaire de Marcel Ophüls, Le Chagrin et la Pitié, démythifie en 1971 l’image d’une France unanimement résistante. Censuré à la télévision jusqu’en 1981, ce film montre que des Français ont choisi, en toute conscience, le camp de la Collaboration et même pour certains celui du nazisme, ouvrant ainsi la voie à d’autres fictions mettant à nue les cicatrices françaises, telles Lacombe Lucien (1974), Section spéciale (1975), L’Affiche rouge (1976), Le Dernier métro (1980) ou encore Papy fait de la résistance (1983). La littérature historique, elle aussi, n’est pas en reste. En 1973, les éditions du Seuil font paraître un ouvrage publié aux Etats-Unis l’année précédente, La France de Vichy. L’auteur, Robert Paxton, montre que Vichy, loin d’être un bouclier contre le nazisme, a au contraire insisté auprès des Allemands pour qu’ils acceptent une politique de collaboration, dès 1940. Depuis lors, au nom du devoir de mémoire, les ouvrages consacrés aux années noires de l’Etat français se sont multipliés et avec eux les témoignages sur « Vichy, un passé qui ne passe pas » (1994), selon la formule de l’historien Henry Rousso, auteur également du Syndrome de Vichy (1987). Au final, du fait de ces révélations, la France, depuis les années 1990 surtout, s’est mise à regarder son passé en face : d’une part, en traduisant devant ses tribunaux certains des responsables de la Collaboration, accusés de crimes contre l’humanité (Touvier, Bousquet, Papon) ; d’autre part, en reconnaissant sa responsabilité dans l’arrestation d’hommes, de femmes et d’enfants, morts à cause de « la folie criminelle de l’occupant (...) secondée par des Français, par l’Etat français » (J. Chirac, 1995).

[Transition] De fait, en même temps que le regard historique porté sur Vichy évoluait, c’est celui porté sur le génocide accompli aux dépens des Juifs qui évoluait également.

[III] Le Génocide des Juifs, après la Résistance et Vichy, est le troisième pan de la mémoire nationale (et même mondiale) à avoir été complètement reconsidéré par les historiens. Perçu comme un drame parmi d’autres dans l’immédiat après-guerre, le sort réservé aux Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale devient un drame singulier à partir de 1961 seulement.

[A] Entre 1945 et 1961, le sort réservé aux Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale est, dans la mémoire collective, un drame parmi d’autres. En 1945, en effet, les 2500 Juifs français qui reviennent dans leurs familles, après plusieurs mois ou années de déportation, ne sont pas distingués des autres prisonniers français de retour de captivité. D’abord, parce qu’eux-mêmes, après avoir vécu l’invivable, éprouvent les plus grandes difficultés à communiquer sur l’horreur des camps et, plus encore, à faire comprendre à leurs interlocuteurs ce qu’ils ont véritablement enduré. Primo Levi, Juif italien rescapé d’Auschwitz, évoque en 1947 dans son célèbre livre Si c’est un homme le cauchemar de ces survivants qui, à leur retour, témoignent sans être entendus, racontent sans être écoutés, y compris par leurs proches dans les yeux desquels transparaît parfois le sentiment de culpabilité de ceux qui ont échappé à la mort. Ensuite, parce que la France, « une et indivisible », selon la formule consacrée, n’entend pas distinguer parmi ses citoyens différentes catégories de victimes, séparées entre elles dans la balance des malheurs de guerre par le poids de leurs souffrances respectives. Ainsi, le premier documentaire français spécifiquement consacré aux camps de détention, Nuit et Brouillard, réalisé en 1956 par Alain Resnais, n’évoque ni le sort particulier réservé aux déportés juifs, ni même la distinction entre camp de concentration (Buchenwald) et camp d’extermination (Auschwitz).

[B] A partir de 1961, le sort réservé aux Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale devient, à la lumière des progrès accomplis par la science historique, un drame singulier. En fait, la spécificité du sort réservé aux Juifs, occultée pendant les décennies 1940 et 1950, est soulignée à la faveur de quatre événements qui surgissent au cours des années 1960 et 1970. En premier lieu, la parution en 1961 du livre de Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d’Europe, grâce auquel le monde apprend la volonté du régime nazi de procéder à l’extermination de tous les Juifs vivant en Europe. En second lieu, la comparution en Israël, en 1961, après dix ans de clandestinité en Argentine, du responsable nazi de la mise en œuvre de la « Solution finale de la question juive », Adolf Eichmann, condamné par le tribunal de Jérusalem à la peine de mort par pendaison. En troisième lieu, la guerre israélo-arabe des Six-Jours qui en 1967 renforce, dans la diaspora française, le sentiment d’appartenance à la communauté juive, de nouveau menacée d’anéantissement. En quatrième lieu, enfin, le développement à partir de 1978 des thèses négationnistes de Robert Faurrisson, selon lequel la Shoah inventée de toutes pièces par les Juifs n’aurait jamais eu lieu. Ce sont ces quatre événements qui ont permis de souligner la singularité du sort réservé aux Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Sans eux, mais aussi sans le film-documentaire français de Claude Lanzmann Shoah réalisé en 1985 et sans la « traque des nazis » à laquelle s’est consacré toute sa vie l’avocat français Serge Klarsfeld, jamais peut-être le génocide des Juifs n’aurait été distingué des autres drames provoqués par la Seconde Guerre mondiale. Résultat ? La France, après des années de silence, soucieuse de rattraper le temps perdu, multiplie, depuis 1990, les actes de repentance et les lois mémorielles envers la communauté juive (depuis la loi Gayssot sur l’antisémitisme en 1990 jusqu’à l’inauguration du Mémorial de la Shoah à Paris en 2005).

CONCLUSION

Fermeture. Mémoire et histoire ne doivent donc pas être confondues. La mémoire, décrite par les témoins des événements, répond à un but : celui de témoigner, afin de contribuer ultérieurement à l’écriture de l’histoire. L’histoire, en revanche, écrite bien après les événements, notamment grâce aux témoignages des mémorialistes, obéit à une autre priorité : celle de parvenir à la vérité, au terme d’une enquête rigoureuse. La rédaction des mémoires précède donc l’écriture de l’histoire : en ce sens, les deux notions sont complémentaires (l’une se nourrissant de l’autre). Mais les mémoires, parfois approximatives ou erronées, peuvent aussi être contredites par l’histoire : en ce sens, les deux notions sont antinomiques (l’une étant corrigée par l’autre), comme ce fut le cas à propos de la Seconde Guerre mondiale, notamment en ce qui concerne la Résistance, Vichy et le Génocide. Dans ces trois cas, l’histoire a permis de corriger les approximations (volontaires ou non) de la mémoire.

Ouverture. Est-ce alors à dire que l’histoire, juge des mémoires, est infaillible ? Les historiens, experts du passé, sont-ils toujours aussi impartiaux et objectifs que leur discipline l’exige ? Leur vision de l’histoire n’est-elle pas conditionnée par le regard qu’ils posent eux-mêmes sur le présent ?

VOCABULAIRE

 

                  Introduction

 

Recouper : coïncider (au sens de « dire la même chose »).

Antinomique : opposé, contraire.

Mémoires multiples : à propos de la 2GM, il n’y a pas « une » mais « des » mémoires, car tous les témoins du conflit n’ont pas vécu la guerre au même endroit ni dans le même camp : certains étaient soldats, d’autres civils ; certains allemands, d’autres français ; certains SS, d’autres Juifs ; certains résistants, d’autres collaborateurs ; certains étaient en zone occupée, d’autres en zone libre. C’est en ce sens que les mémoires sont plurielles. Le rôle de l’historien est de mettre de l’ordre dans tout ça ; il doit confronter des témoignages parfois contradictoires pour parvenir à la vérité.

Télescoper : contredire, entrer en contradiction (au sens de « dire des choses différentes »).

Allégation : affirmation, déclaration.

 

                  I/ La Résistance

 

Allégresse : joie, bonheur.

Mémoire officielle : récit du passé tel qu’il est enseigné aux habitants par les autorités politiques d’un pays. En France, par exemple, après guerre, les autorités politiques diffusent l’idée (fausse) que la majorité des Français ont été des résistants : c’est ce que l’on appelle le « résistencialisme ».

Panser : soigner.

Mouvements de Résistance : pendant la guerre, il n’existe pas un mais plusieurs mouvements de résistance. Les deux principaux sont : le mouvement gaulliste, aux ordres de De Gaulle (droite) ; et le mouvement communiste, aux ordres du PCF (gauche). Ces deux forces politiques resteront très influentes en France jusqu’en 1969. Toutes deux, pour des raisons différentes, défendent la thèse du « résistencialisme ».

Résistencialisme : idée fausse (mythe) selon laquelle la majorité des Français furent des résistants.

Pacte germano-soviétique : alliance (inattendue) signée entre Hitler et Staline, le 23 août 1939, une semaine avant le début de la 2GM. De 1939 à 1941, l’Allemagne et l’URSS étant alliées, les communistes ne font donc pas encore partie de la Résistance.

Guerre froide (1947-1991) : conflit mondial opposant les communistes et les anti-communistes. A l’échelle de la France, communistes et anti-communistes (gaullistes), alliés pendant la guerre, deviennent adversaires à partir de 1947 (tout comme l’URSS et les USA).

Consensus : accord, alliance.

Guerre des mémoires : rivalité entre gaullistes et communistes, chacune des deux forces politiques s’estimant meilleure résistante que l’autre. Les gaullistes accusent les communistes d’avoir profité de la fin de la guerre : 1. pour prendre le pouvoir au moyen d’une révolution 2. pour se débarrasser de leurs rivaux politiques (parfois résistants gaullistes) au moyen de nombreux assassinats. Les communistes, de leur côté, pour prouver leur héroïsme, estiment avoir perdu au combat plus d’hommes que les gaullistes : 75.000, selon eux. En réalité, gaullistes et communistes malmènent tous deux la réalité à des fins politiques (plaire aux Français en vue des élections). 

Célèbres résistants gaullistes : de Gaulle, Jean Moulin (mort en 1943, après avoir été arrêté et torturé par le chef des SS de Lyon, Klaus Barbie). Jean Moulin, depuis 1964, est enterré au Panthéon.

Célèbres résistants communistes : Pierre Brossolette, Danielle Casanova, le colonel Fabien, mais aussi et surtout le peuple français lui-même, en particulier les ouvriers (pour le PCF : ouvrier = résistant ; bourgeois = collaborateur).

Exécution sommaire : tuer un individu sans procès.

Ourdir : organiser.

Prépondérant : important.

Epuration sauvage : juin-octobre 1944. En l’absence de l’Etat (désorganisé), les résistants punissent eux-mêmes les collaborateurs au lieu de les confier aux tribunaux. C’est plus de la vengeance que de la justice (cf. « femmes tondues », lynchages collectifs).

Epuration judiciaire : novembre 1944-novembre 1945. Avec le retour de l’autorité de l’Etat, les collaborateurs sont jugés par les tribunaux. C’est plus de la justice que de la vengeance (cf. procès Pétain, Laval, Brasillach).

Légende rose : récit flatteur du passé.

Légende noire : récit peu flatteur du passé.

1940 : les résistants sont peu nombreux (gaullistes seulement).

1941 : les résistants sont plus nombreux, du fait de l’entrée en résistance des communistes après l’invasion de l’URSS par l’Allemagne. L’URSS, alliée de l’Allemagne jusqu’alors (1939-1941), change de camp et rejoint de Gaulle, l’Angleterre et les USA (1941-1945).

1942-1945 : période au cours de laquelle le nombre de résistants augmente à mesure que la défaite des collaborateurs se fait plus certaine. De nombreux Français, d’abord collaborateurs, changent de camp et deviennent résistants.

 

                  II/ Vichy

 

Pan : partie.

Mémoire nationale (ou collective) : récit que les Français font de leur passé.

Thuriféraire : défenseur, partisan.

Amnistie : réduction de peine motivée par la volonté de se montrer indulgent avec les collaborateurs emprisonnés.

Indignité nationale : peine privant les anciens collaborateurs du droit de vote, car ils n’en sont pas dignes.

Antoine Pinay : nommé président du Conseil (1952), malgré sa collaboration avec le régime de Vichy. C’est que, comme beaucoup, Pinay, après avoir collaboré (1940-1942), est ensuite entré en résistance (1942-1945).

Malgré-nous : ce sont des soldats français (alsaciens) enrôlés malgré eux dans l’armée allemande. En 1944, 13 d’entre eux appartiennent à la division SS Das-Reich qui a massacré tous les habitants du village d’Oradour. En 1953, pour ce crime, ils sont jugés par la Cour d’assises de Bordeaux, qui les condamne à plusieurs années de prison. Mais le pouvoir politique français les considère moins comme des bourreaux que comme des victimes. Les 13 Malgré-nous sont donc amnistiés en 1953. Leur peine de prison ne sera jamais exécutée.

Robert Aron : Histoire de Vichy (1954). Pour cet académicien de confession juive, parent éloigné du philosophe Raymond Aron, la politique de collaboration de Pétain a épargné aux Français bien des malheurs. Selon lui, pendant que de Gaulle l’intransigeant se battait contre l’Allemagne (« épée »), Pétain le conciliant protégeait les Français (« bouclier »). Pétain, selon Aron, serait donc moins à blâmer qu’à remercier.

Novateur : nouveau, inédit.

Démythifier : briser un mythe, remplacer une croyance erronée par une vérité.

Marcel Ophüls : Le Chagrin et la pitié (1971). Premier documentaire laissant entendre que la majorité des Français étaient des collaborateurs.

Robert Paxton : La France de Vichy (1973). Premier livre démontrant que la collaboration française n’a pas été imposée par les Allemands, mais proposée à Hitler par Pétain lui-même, non du reste pour protéger les Français mais pour plaire au nouveau maître de l’Europe (Hitler).

Touvier, Bousquet, Papon : collaborateurs français impliqués dans la déportation des Juifs de France.

Paul Touvier : chef de la Milice à Lyon, arrêté en 1989, condamné en 1994 à la prison à vie, décédé en 1996 à la prison de Fresnes (81 ans).

René Bousquet : haut fonctionnaire de la police de Vichy, inculpé en 1991, assassiné en 1993 avant son procès (84 ans).

Maurice Papon : haut responsable de la préfecture de Bordeaux, inculpé en 1983, condamné en 1997 à 10 ans de prison, mort en 2007 (96 ans).

Jacques Chirac : premier président français (1995) à avoir reconnu la responsabilité de la France dans la déportation vers Auschwitz de Juifs français. Jusqu’alors, les présidents considéraient que la France n’avait pas aucune responsabilité dans cette affaire, car la France n’était pas représentée par Pétain (Vichy) mais par de Gaulle (Londres).

 

                  III/ Le Génocide

 

Génocide : projet criminel consistant à exterminer tout un peuple ; en l’occurrence, les 11 millions de Juifs vivant alors en Europe. Dans ce but, ont été construits 6 camps d’extermination.

Camps d’extermination : camps construits en Pologne pour faire mourir les déportés juifs (chambres à gaz), puis pour faire disparaître leurs corps (fours crématoires). Le plus connu des six camps d’extermination est celui d’Auschwitz.

Camps de concentration : camps de prisonniers construits partout en Europe. Il en existe plusieurs centaines, y compris en Allemagne, par exemple celui de Buchenwald, le plus connu. Les déportés politiques (résistants) allaient à Buchenwald, les déportés raciaux (Juifs) à Auschwitz. Sur les 6 millions de Juifs européens morts pendant la 2GM, 3 millions sont morts dans un camp d’extermination. Sur les 76.000 Juifs français déportés, seuls 2500 sont revenus vivants (soit 3%).

Alain Resnais : Nuit et Brouillard (1956). Premier documentaire français s’intéressant aux camps de déportés. Mais par ignorance aucune allusion n’est faite à la différence qui existe entre un camp de concentration et un camp d’extermination.

Raul Hilberg : La Destruction des Juifs d’Europe (1961). Premier livre expliquant précisément l’ensemble du processus de mise à mort des Juifs.

Adolf Eichmann : Haut fonctionnaire du IIIe Reich, organisateur de la Shoah. Réfugié en Argentine après guerre pour échapper à la justice, il est finalement arrêté en 1960 par les services secrets israéliens (Mossad), jugé en 1961 en Israël puis pendu à Jérusalem en 1962 (56 ans). Hannah Arendt, philosophe germano-américaine de confession juive, lui a consacré un livre : Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal (1963).

Guerre des Six-Jours (1967) : guerre opposant Israël à ses voisins arabes. Pour la première fois depuis la 2GM, des dirigeants politiques (arabes) menacent à nouveau les Juifs d’extermination. C’est la preuve supplémentaire que le sort réservé aux Juifs, en 1940 comme en 1967, est singulier. Les menaces qui pèsent sur eux ne sont pas de la même nature que celles qui pèsent sur les autres peuples ou communautés.

Négationnisme : doctrine politique qui nie l’existence des chambres à gaz et la mort des 6 millions de Juifs pendant la 2GM. Le négationnisme, ultraminoritaire, a des adeptes dans presque tous les pays. En France, Louis Darquier de Pellepoix (ministre de Vichy) et Robert Faurrisson (professeur de Lettres) sont les négationnistes les plus connus. Darquier est mort en 1980, Faurrisson en 2018.

Claude Lanzmann : Shoah (1985). Documentaire de 9h faisant témoigner pour la première fois dans un même film victimes et bourreaux des camps d’extermination. C’est lui qui a popularisé le terme hébreu « Shoah » (« catastrophe », en français).

Chasseurs de nazis : hommes et femmes, souvent descendants de déportés, qui ont voué leur vie à traquer les nazis partout où ils se cachent (Amérique latine, Espagne franquiste, Moyen-Orient). Le chasseur de nazis le plus connu est l’Autrichien Simon Wiesenthal (mort en 2005). En France, les deux plus célèbres chasseurs de nazis sont : Serge et Beate Klarsfeld (toujours en vie).

Loi mémorielle : loi fixant dans le calendrier une date anniversaire afin de commémorer le souvenir d’un événement. Par exemple : le 27 janvier, jour de la libération du camp d’Auschwitz (27 janvier 1945).

Loi Gayssot (1990) : loi sanctionnant les auteurs de propos racistes, antisémites et négationnistes. Gayssot est le nom du député (communiste) à l’origine de cette loi.

Mémorial de la Shoah : musée parisien entretenant le souvenir des Français juifs déportés pendant la 2GM.

CHRONOLOGIE

 

                  I - La France légale de la Collaboration du maréchal Pétain

 

Chef de l’Etat : Philippe Pétain

Emblème : francisque

Premier ministre : Pierre Laval

Commissaire général aux questions juives : Xavier Vallat (1941-1942), Louis Darquier de Pellepoix (1942-1944)

Personnalités impliquées dans la déportation des Juifs de France : Touvier (milicien), Bousquet (préfecture de Paris), Papon (préfecture de Bordeaux)

Chef de la Police politique : Joseph Darnand (Milice)

Editorialiste du journal collaborationniste : Robert Brasillach (Je suis partout)

 

                  II - La France illégale de la Résistance du général de Gaulle

 

Chef de la Résistance : Charles de Gaulle (exilé à Londres, 1940-1944)

Emblème : croix de Lorraine

Emissaire de De Gaulle en France : Jean Moulin (arrêté et torturé par Barbie à Lyon en juin 1943, mort en juillet 1943 dans un train pour l’Allemagne)

1939-1941 : PCF, très discret du fait de la signature du pacte germano-soviétique entre Hitler et Staline (23 août 1939)

1941 : entrée du PCF dans la Résistance après la rupture du pacte germano-soviétique (22 juin 1941)

Deux types de résistants politiques : les résistants gaullistes (Moulin) et les résistants communistes (Brossolette, Casanova, Fabien, Manouchian)

Deux types de résistants géographiques : les FFL (hors de France) et les FFI (en France, dont parmi eux les FTP communistes)

 

                  III - La fin de la guerre (1944-1945)

 

6 juin 1944 : débarquement américain en Normandie

17 août 1944 : fuite du gouvernement de Vichy à Sigmaringen (Allemagne)

21-25 août 1944 : Libération de Paris (fin de la dictature de Vichy et restauration de la démocratie sous le nom de GPRF : 1944-1946)

25 août 1944 : retour de De Gaulle en France (chef du GPRF) et 1er discours à Paris sur les Champs-Elysées

Juin-Octobre 1944 : épuration sauvage (vengeance populaire contre les collaborateurs et les collaboratrices : « femmes tondues »)

Novembre 1944 - Novembre 1945 : épuration judiciaire (procès contre Brasillach, Pétain, Laval)

 

                  Conclusion. Le comportement de la France et des Français pendant la guerre ?

 

I - Les Français ont-ils été majoritairement résistants ?

 

                  A - Entre 1945 et 1969, les mémorialistes répondent « oui » (La France des résistants).

                  B - A partir de 1969, les historiens répondent « non » (La France des collabos).

 

II - La politique du gouvernement de Vichy a-t-elle permis de protéger les Français ?

 

                  A - Au cours des années 1950-60, les mémorialistes répondent « oui » (bienveillance).

                  B - A partir des années 1970, les historiens répondent « non » (intransigeance).

 

III - Le sort infligé aux Juifs fut-il différent de celui réservé aux autres victimes ?

 

                  A - Entre 1945 et 1961, les mémorialistes répondent « non » (un drame parmi d’autres).

                  B - A partir de 1961, les historiens répondent « oui » (un drame singulier).

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