RESUME 7 - GOUVERNER LA FRANCE DEPUIS 1946. ETAT, GOUVERNEMENT ET ADMINISTRATION. HERITAGES ET EVOLUTIONS

INTRODUCTION

Présentation. Gouverner un pays, en l’occurrence la France depuis 1946, suppose la réunion de trois éléments constitutifs : en premier lieu, un Etat ; en second lieu, son gouvernement ; en troisième lieu, son administration. Cet Etat, dirigé par un gouvernement et une administration, peut être conçu selon un modèle interventionniste (Etat acteur) ou libéral (Etat arbitre).

Problématique. Comment, en France, le rôle de l’Etat a-t-il évolué depuis 1946 ? Le gouvernement et l’administration de la France s’inscrit-il dans la continuité (héritage) ou dans la rupture (évolution) ?

Plan. En France, l’Etat, dirigé par le gouvernement et l’administration, a connu trois périodes : la première, comprise entre 1946 et 1958, correspond à celle de l’Etat-providence ; la seconde, comprise entre 1958 et 1974, correspond à celle de l’Etat gaullien ; la troisième, comprise entre 1974 et nos jours, correspond à celle de l’Etat libéral.

DEVELOPPEMENTS

[I] Entre 1946 et 1958, est instauré un Etat interventionniste, appelé aussi Etat-providence. Sous la IVe République, un gouvernement de type parlementaire est mis en place, une administration est formée sur de nouvelles bases, tandis que l’Etat lui-même reçoit des missions élargies.

[A] En 1946, la France adopte un gouvernement de type parlementaire. Celui-ci désigne un régime politique à l’intérieur duquel le pouvoir législatif l’emporte sur le pouvoir exécutif. Mais ce régime, trop instable, provoque la mort prématurée de la IVe République.

[B] En 1946, la IVe République donne également naissance à une administration formée sur de nouvelles bases. L’Etat, pour être efficacement administré, prend la décision de former de hauts fonctionnaires (Sciences Po, ENA), qui deviennent des spécialistes de la gestion et du fonctionnement de l’Etat.

[C] La IVe République, enfin, confie, à partir de 1946, des missions élargies à l’Etat. Celles-ci concernent trois secteurs auxquels l’Etat était resté largement étranger jusqu’alors : l’économie, le social et la culture.

[II] Entre 1958 et 1974, le rôle de l’Etat (interventionniste) est encore renforcé : on parle d’Etat gaullien. Celui-ci, marqué par les présidences successives de De Gaulle (1958-1969) et de son successeur Pompidou (1969-1974), se caractérise par la mise en place d’un gouvernement de type présidentiel, le rôle accru de l’administration et aussi l’extension des missions de l’Etat.

[A] La Ve République, fondée par le général de Gaulle en 1958, est un gouvernement de type présidentiel. Celui-ci désigne un régime politique à l’intérieur duquel la prééminence revient au pouvoir exécutif et le second rôle au pouvoir législatif. Le président de la République devient ainsi le personnage principal du gouvernement.

[B] Sous la Ve République, le rôle de l’administration est également accru. Les hauts fonctionnaires, passés par Sciences Po et l’ENA, se lancent désormais dans des carrières politiques. La France devient une technocratie aux mains des énarques

[C] Sous la Ve République, enfin, les missions confiées à l’Etat sont élargies. Le pouvoir gaullien, outre l’économie, le social et la culture, confie également à l’Etat (interventionniste) une mission supplémentaire : l’aménagement du territoire.

[III] A partir des années 1970, l’Etat gaullien interventionniste laisse place à l’Etat libéral. Trois raisons expliquent cette évolution du rôle de l’Etat en France : la crise économique, l’essor des théories libérales et l’émergence des doctrines fédéralistes.

[A] L’Etat libéral s’impose, d’abord, à la faveur de la crise économique. En 1973, en effet, le choc pétrolier et la crise mondiale que celui-ci provoque mettent fin à la période des Trente Glorieuses. L’Etat, moins riche qu’autrefois, est contraint de réduire son train de vie. L’Etat interventionniste, volontiers dépensier, est alors remplacé par un Etat libéral, plus économe des deniers publics.

[B] L’Etat libéral s’impose, ensuite, à la faveur de l’essor des théories libérales. Celles-ci, opposées à l’Etat interventionniste, mais balayées par le keynésianisme entre 1945 et 1973, finissent par rencontrer le succès à compter du choc pétrolier et de la crise économique, non seulement dans le monde anglo-saxon mais aussi en France.

[C] L’Etat libéral s’impose, enfin, à la faveur de l’émergence des doctrines fédéralistes. Sous l’influence de celles-ci, qui s’opposent aux théories souverainistes et jacobines, attachées au rôle prépondérant de l’Etat, le rôle politique de celui-là est progressivement réduit : non seulement à l’échelle européenne avec l’UE, mais aussi à l’échelle française avec les régions.

CONCLUSION

Fermeture. Depuis 1946, par nécessité peut-être plus encore que par choix, le rôle de l’Etat, en France, a donc notablement évolué. Si, entre 1945 et 1973, les Trente Glorieuses ont favorisé la mise en place d’un Etat interventionniste dépensier, depuis 1974, en revanche, la fin des Trente Glorieuses, symbole de crise et de chômage de masse, a imposé l’instauration d’un Etat libéral économe des deniers publics.

Ouverture. La victoire de l’Etat libéral sur l’Etat-providence est-elle cependant définitive ? L’Etat libéral, en d’autres termes, a-t-il remporté une bataille ou, plus largement, gagné la guerre ?